
Michel Herren est le deuxième fils de Marianne et Hans Rudolf, frère cadet de René. Il accomplit toute sa formation scolaire — du Jardin d’enfants à l’Université — entre Lausanne et Prilly.
Gymnasien médiocre
Il vit sa vie comme tout le monde, au rythme des aspirations et désillusions, amours et peines qu’on lui a enfoncées dans le corps et surtout la tête. Il n’aime pas lire, n’aime pas étudier, ne voit pas du tout à quoi ça sert. Il aime rêver, jouer, imaginer. Il passe ses années de justesse. Il obtient in extremis son baccalauréat (latin-anglais) au Gymnase de la Cité, à Lausanne, avant d’accomplir son Ecole de recrues comme soldat-radio à Fribourg, où il perd une bonne partie de ses illusions.
Rencontre d’une communauté
Sous l’impulsion de quelques bons profs, il entre en Lettres à l’Université de Lausanne, où il s’adonne à des études d’histoire, de français et de philosophie. D’abord, il est nettement moins intéressé par les cours que par ses camarades et la liberté académique. Jusqu’à que ce qu’il rencontre sa famille d’auteurs et d’artistes qui font écho à ses sensations et expériences. Et qui le mettent au travail. Ils lui offrent un nouveau regard sur le monde et sur lui-même. Celui qui se croyait seul, voire fou, se découvre comme membre d’une grande communauté, tout sauf universitaire. Nietzsche en est la figure de proue. Après cinq années d’études, il écrit sur lui son mémoire de Licence et obtient sa Licence ès Lettres sous la direction du Prof. Dr. habil. Ingeborg Schüssler, alors titulaire de la Chaire de philosophie moderne et contemporaine. Son titre est Vie et art chez Nietzsche.
Activités annexes
En parallèle à ses études, il s’adonne à la peinture, fait de nombreux remplacements dans des collèges et pratique avec enthousiasme l’athlétisme, aussi micro en main. Sacré champion suisse espoirs sur 400 m haies, il perd son rôle d’athlète enjoué en quête de sensations et de partage et devient un imbécile sérieux, assoiffé de reconnaissance et de gloriole. Il a tôt fait de corriger le tir, de mettre la pédale douce et de poursuivre le sport pour le plaisir. Comme par enchantement, les résultats redeviennent meilleurs. Pris par son travail philosophique, il court de moins en moins en compétition, se concentre surtout sur les championnats, de préférence par équipe. En 2002, il gagne sa dernière course, avec deux potes. Avant arrêter définitivement la compétition, trop prenante.
Du théâtre à l’Académie
Suite à une brève expérience théâtrale au Conservatoire de Lausanne – expérience avortée par crainte de l’artifice et du dessèchement –, il entame, en 2000, toujours sous la direction de Schüssler à l’Université de Lausanne, une Thèse de doctorat sur Nietzsche. Il découvre dans la figure divine de Dionysos le noyau générateur de l’ensemble des intuitions du philosophe. Le dieu abyssal, enfant, artiste de la vie et de la mort en sa surabondance et immoralité propre lui permet de découvrir la phusis des anciens Grecs – et de se redécouvrir lui-même et le monde qui l’entoure en sa vraie nature. Il intitule son travail académique Nietzsche et Dionysos. Essai généalogique de la pensée philosophico-esthétique de Nietzsche. Il bénéficie de trois ans et demi de bourse de recherche de la part du Fonds National Scientifique (FNS). En tant qu’Assistant-doctorant diplômé, il a l’occasion de donner des cours sur et autour de son sujet de recherche. Un subside de la part de la Société Académique Vaudoise (SAV) et des remplacements de longue haleine au Gymnase Auguste Piccard lui permettent de terminer son travail et d’obtenir, en décembre 2005, le titre de Docteur ès Lettres.
Du monde académique au monde sportif
Suite à sa thèse de doctorat, il choisit – toujours par crainte de l’artifice et du dessèchement – de quitter le monde académique, depuis le début considéré comme un mal instructif. Il retourne dans le monde sportif, où il endosse le rôle d’entraîneur. Epaulé par son entraîneur émérite de père, il se retrouve à la tête d’un groupe demi-fond, qu’il appelle, tout sourire, Groupe Dionysos. Il y transmet tant bien que mal son enthousiasme phusique à ses « cocos » et autres « Dionys » : cherche à libérer leur corps, mais aussi leur esprit.
A côté des entraînements, il cherche à renouer avec ses pulsions artistiques, picturales et théâtrales. Mais en vain : il n’est pas sorti indemne de l’Université. Ses innombrables tentatives sont insatisfaisantes. Arrivé au bout de ses ressources, il devient traducteur et rédacteur pour la Fédération suisse d’athlétisme (Swiss Athletics), rédacteur d’articles sur le site Internet du Centre national de performance Lausanne/Aigle (CNP) et entraîneur de 400 m/400 m haies au même CNP. Non sans continuer et même augmenter son engagement d’animateur, de fil en aiguille aux plus grandes manifestations d’athlétisme et d’autres sports en Suisse. Partout, il cherche à libérer les forces qui nous portent et nous dépassent.
De la thèse au livre sur Nietzsche et Dionysos
A côté, il poursuit ses recherches philosophiques et retravaille sa thèse de doctorat, qui devient un essai intitulé Nietzsche, Dionysos et nous. Il l’envoie aux deux seuls chercheurs dont les travaux font résolument échos aux siens : le philosophe et sinologue François Jullien (FRA) et l’intellectuel journaliste et essayiste Pietro Citati (ITA). Le premier ne répond jamais, le second s’enthousiasme, propose de le pistonner chez un grand éditeur, pour l’heure sans succès.
En union avec Steve Bettschen, il a choisi, au printemps 2010, de créer PHUSIS.ch, site Internet qui leur permet de partager leurs découvertes et productions phusiques : vins, textes, pensées, vidéos, lectures, services, animations, et plus si affinités.
J’imagine que la transcription de ton parcours peut redonner de l’espoir à de nombreux gymnasiens désespérés par les études classiques qu’ils ont choisies, à condition bien sûr qu’ils découvrent le site!
Quel parcours intéressant…!
Bonjour,
Je suis un ami d’André Stanguennec qui m’a parlé de vous.
J’ai en ce moment deux expositions à Venise.
Voici les vidéos des expositions de Venise dont « Ainsi parla Zarathoustra au Palais Albrizzi ».
Cliquer sur le lien :https://www.youtube.com/watch?v=AKGapqmokmI (je l’ai mis sur You Tube en « Privé »).
Bien à vous.
Bernard Bouin
wwww.bernardbouin.com
Même si son parcours de professeur au gymnase ne fut que de courte durée, j’ai eu la chance d’avoir Michel Herren comme professeur de français et c’est sans doute l’une des personnes qui m’a le plus motivée à devenir, moi-même, professeur de littérature…