mains-metiers2Beaux metiers QL’autre jour au Café, j’ai entendu une dame s’exclamer : « Ah quel beau métier ! » Et je me suis demandé : y-a-t-il des beaux métiers et des pas beaux métiers ? Peut-on trouver sa place dans ce monde quoi que l’on choisisse de faire ? Peut-on exercer un « beau métier » et participer à la bonne marche du monde peu importe que l’on soit médecin, enseignant, prof d’auto-école, boulanger, notaire, journaliste, secrétaire ou encore agent immobilier, courtier en assurances ou chasseur de têtes ?

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Beaux metiers RAh, réponse facile ! Aux trois questions, je réponds « oui » : « oui » à la première, « oui » à la deuxième, et encore une fois « oui » à la troisième ! Allez qu’on se le dise : vive la phusis et à bientôt !

Ou est-ce que les choses sont plus compliquées que ça ? Est-ce qu’on peut vraiment répondre comme ça, juste par « oui », ou par « non », aux vraies questions, non seulement matérielles et objectives ? Non, pour les choses de la vie, l’opposition « oui-non », ne marche tout simplement pas. Elle nous fait passer à côté de toute nuance, de toute possibilité, de toute vie, et donc de toute vérité.

Reprenons dans l’ordre. Première question : est-ce qu’il y a des « beaux » et « pas beaux » métiers ? Réponse : « oui » ! Même que pour se comprendre vraiment, il faut d’abord se mettre d’accord sur ce que veut dire « beau » ; et prendre divers métiers en exemple. Bonne nouvelle : la deuxième question indique comment entendre « beau métier », et la troisième donne une liste de métiers.

Un « beau métier » – précise la deuxième question – est un métier qui convient à celui qui l’exerce. Or « oui », il existe des métiers qui conviennent et d’autres qui ne conviennent pas. D’ailleurs un même métier peut très bien convenir à certaines personnes et ne pas le faire à d’autres. C’est là une question de sensibilité, d’appréciation, qui dépend aussi de l’habileté et de la vivacité d’esprit de la personne en question : compte tenu de tout ça, soit un métier nous convient, soit il ne nous convient pas.

Tout l’enjeu est donc de trouver le « bon » métier, celui qui nous convient. Et nous voilà renvoyé à la deuxième question : peut-on trouver sa place, dans ce monde, quel que soit le métier qu’on choisisse de faire ? Réponse : « oui » ! Même que là aussi, c’est plus compliqué.

D’abord, il faut dire que, souvent, on ne le choisit pas, son métier. Oui, généralement, le métier, ça nous tombe dessus. Soit comme conséquence de notre contexte familial, social, de notre cheminement scolaire, qui fait qu’on s’engage dans une filière qui nous pousse finalement à devenir ceci ou cela. Soit par un soudain besoin d’argent, auquel cas on fait n’importe quel métier ; et auquel cas il est tout à coup beaucoup plus compliqué de trouver sa place au sein du monde.

Et voilà que pointe la troisième question : celle de savoir si tout métier peut être « beau » et permettre de trouver sa place au sein du monde et donc de participer à la bonne marche de celui-ci.

Une chose est sûre : si on exerce son métier pour l’argent, il y a de fortes chances que ce ne soit pas un « beau métier ». Le proverbe a beau dire qu’« il n’y a pas de sot métier », il existe à vrai dire quantité de « sales boulots », qui dégénèrent, rabaissent et déshumanisent ceux qui les exerce : oui, certains métiers font perdre aux gens leur dignité, les humilient ; et d’autres les transforment en brutes égoïstes, sans la moindre écoute pour autrui.

Mais le proverbe dit en même temps juste : même si on est amené à nettoyer des toilettes ou à accumuler les injustices et accroître les déséquilibres, on peut néanmoins toujours participer à la bonne marche du monde. Ne serait-ce qu’un peu. Un tout petit peu. Qu’importe le métier et le système dans lequel on est pris, on peut toujours freiner la roue aveugle qui conduit l’homme à retourner au singe ou à devenir un requin.

Dans n’importe quel métier, si on y met du sien, si on lève la tête, si on résiste au monde stupide, on est en mesure de trouver sa place ; et par suite de valoriser les nuances, les couleurs, le partage et les mille et une autres choses qui tissent les liens et rendent la vie digne d’être vécue. Notre vie autant que celle des autres. Et même plus : celle des autres davantage que notre propre vie !

Bien sûr, il y a des métiers dans lesquels c’est plus difficile que dans d’autres, des métiers où il est terriblement compliqué de contribuer au bon équilibre et au bon développement des choses. Mais que ce soit clair : même là, on a toujours l’occasion de trouver des moyens de bien faire les choses, de les faire « bellement », c’est-à-dire de la manière qui convient. Pas seulement pour nous – ce serait là se tromper –, mais pour notre entourage, les autres, tous les autres, et par suite, indirectement, l’équilibre du monde entier.

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Tous les mardis, PHUSIS donne une perspective phusique à une actualité, un événement, un extrait de texte, une pensée, une sensation, un problème ou n’importe quel phénomène jubilatoire ou inquiétant de notre monde formidable. Le matin, à 6h30, un phusicien poste un bref article, sous forme de question à méditer. Puis, au plus tard à midi, PHUSIS propose une réponse et mise en perspective.

3 Comments

  1. C’est quand même magnifique, une philosophie de la vie, comme ça, une philosophie pratique, qui s’attaque aux vrais problèmes et propose des réponses. Parce que souvent, on a l’impression que la philosophie ne s’intéresse qu’à des problèmes très théoriques et très éloignés de nous et ne donne pas de réponses. Alors qu’avec PHUSIS, c’est le contraire!

  2. J’aime bien ce passage parce qu’il me parle:

    D’abord, il faut dire que, souvent, on ne le choisit pas, son métier. Oui, généralement, le métier, ça nous tombe dessus. Soit comme conséquence de notre contexte familial, social, de notre cheminement scolaire, qui fait qu’on s’engage dans une filière qui nous pousse finalement à devenir ceci ou cela.

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