Dionysos

Dionysos en Grèce ancienne

DIONYSOS EST LE DIEU DE LA PHUSIS. Non pas un dieu idéal, sérieux et moral, non pas un Bon Dieu architecte du monde, mais un dieu artiste, jouant à produire et détruire sans arrière-pensée le monde en son va-et-vient tragique. Réduit au dieu du vin et de l’ivresse alcoolique dans la (non)pensée populaire, Dionysos est en Grèce ancienne le dieu des forces artistiques de vie et de mort en leur union, surabondance et équilibre propres. Comme la phusis qu’il incarne, il trouve sa sérénité en extériorisant ses forces et faiblesses, en maximisant ses possibilités d’existence, en se dépassant toujours soi-même. Il est ainsi le dieu de la musique de la vie en son harmonie propre.

Dionysos d’emblée expulsé

En tant que dieu abyssal, énigmatique, travaillant dans les profondeurs, on a tôt fait de le négliger et de le rejeter. Déjà en Grèce, on ne sait qu’en faire, notre pensée rationnelle en est dérangée, poussée à ses limites où l’incompréhensible se fait jour en toute sa béance. Donc on le chasse. On met tout en œuvre pour expulser de la cité son côté obscur, mystérieux, inquiétant. On ne garde de lui que sa partie visible, claire, rassurante. On le coupe en deux, on l’estropie.

Révolte de Dionysos

Dionysos ne peut le supporter. Donc il se révolte. Comment le dieu de la vie et de la mort, du clair et de l’obscur, de l’incompréhensible et du compréhensible, du mystère et de la logique pourrait-il souffrir qu’on le coupe en deux ? Qu’on le prive de la moitié de lui-même ? Qu’on lui fait perdre son harmonie, équilibre musical, reposant dans l’union des contraires qu’il incarne ? Comment tolérer d’être privé de la moitié de soi-même ? De plus de la moitié la plus importante, moitié ressource ? Donc il ne peut faire autrement que se révolter.

Déséquilibre croissant

Et plus il se révolte, plus on le comprend mal : plus on le réduit au dieu du vin et de toute forme d’ivresses artificielles, de l’excès, de la violence, du chaos, du mal – ce qu’il n’est à vrai dire que pour venir rétablir l’équilibre dans l’union de ses contraires. Sans choisir quoi que ce soit, mais porté par la musicalité de toute chose, musicalité qui n’a pas d’autre possibilité que de trouver toujours de nouveau son équilibre propre. Dionysos ne peut faire autrement : plus on valorise son côté clair, rassurant, confortable, doux et rationnel, aux dépens de son côté obscur, effrayant, inconfortable violent et irrationnel, plus son second se fait virulent. Il ne choisit pas : on ne déséquilibre pas du jour au lendemain l’équilibre de la phusis, l’équilibre de toutes choses en leur va-et-vient constant, en l’union de leur contraire. Et plus Dionysos est estropié, plus l’équilibre de la phusis est perdu, plus le monde est déchiré, plus Dionysos est contraint de faire parler sa face obscure, terrible : plus il est forcé d’être violent, plus il y aura de conflits, de maladies, des virus, de catastrophes naturelles, de terrorismes, d’explosion et d’implosion. Toujours dans le même but : de venir rétablir l’équilibre, la musique de la vie. Ce n’est pas que Dionysos aime ça – ou n’aime pas ça : comme la phusis elle-même, Dionysos fait toujours le maximum avec les forces que sont les siennes. Forces immenses, insondables, dont l’homme ne peut venir à bout. S’il le faut, ça ne coûtera par contre pas grand-chose à Dionysos de venir à bout de l’homme.

Et nous, là au milieu

Et nous, là au milieu, tant bien que mal, chahutés par les tensions, les déchirures, les vengeances. Il n’y a en somme que deux possibilités : soit nous entendons les forces de vies (phusiques, dionysiaques) qui nous traversent de fond en comble, nous nous mettons à leur écoute et leur permettons (permettons à Dionysos) de retrouver leur (son) équilibre. Soit nous faisons comme si de rien n’était, contribuons et courrons à la catastrophe.

La vie comme enfantin jeu divin

Contrairement au Dieu chrétien qui est moral, sérieux, architecte du monde, Dionysos est un dieu enfant, qui joue à construire et détruire les innombrables mondes, intérieurs et extérieurs, qui constituent l’univers. Non pas un enfant capricieux, jaloux, tricheur – un adulte avant l’heure –, mais un enfant qui incarne l’ordre du monde lui-même, le va-et-vient des forces mystérieuses qui cherchent partout en même temps l’équilibre et le dépassement. En toute légèreté, sans arrière-pensée. Dionysos, dieu avec sa cohérence propre, bien éloignée de notre rationalité et de notre morale ; dieu par-delà notre vision traditionnelle, superficielle, pragmatique, idéaliste, progressiste du monde. Dionysos, personnification du règne du vivant, de son ordre, de ses ambiguïtés, de ses règles. Dionysos, dieu de la phusis.

Dionysos d’emblée expulsé

En tant que dieu abyssal, énigmatique, travaillant dans les profondeurs, on a tôt fait de le négliger et de le rejeter. Déjà en Grèce, on ne sait qu’en faire, notre pensée rationnelle en est dérangée, poussée à ses limites où l’incompréhensible se fait jour en toute sa béance. Donc on le chasse. On met tout en œuvre pour expulser de la cité son côté obscur, mystérieux, inquiétant. On ne garde de lui que sa partie visible, claire, rassurante. On le coupe en deux, on l’estropie.

Révolte de Dionysos

Dionysos ne peut le supporter. Donc il se révolte. Comment le dieu de la vie et de la mort, du clair et de l’obscur, de l’incompréhensible et du compréhensible, du mystère et de la logique pourrait-il souffrir qu’on le coupe en deux ? Qu’on le prive de la moitié de lui-même ? Qu’on lui fait perdre son harmonie, équilibre musical, reposant dans l’union des contraires qu’il incarne ? Comment tolérer d’être privé de la moitié de soi-même ? De plus de la moitié la plus importante, moitié ressource ? Donc il ne peut faire autrement que se révolter.

Déséquilibre croissant

Et plus il se révolte, plus on le comprend mal : plus on le réduit au dieu du vin et de toute forme d’ivresses artificielles, de l’excès, de la violence, du chaos, du mal – ce qu’il n’est à vrai dire que pour venir rétablir l’équilibre dans l’union de ses contraires. Sans choisir quoi que ce soit, mais porté par la musicalité de toute chose, musicalité qui n’a pas d’autre possibilité que de trouver toujours de nouveau son équilibre propre. Dionysos ne peut faire autrement : plus on valorise son côté clair, rassurant, confortable, doux et rationnel, aux dépens de son côté obscur, effrayant, inconfortable violent et irrationnel, plus son second se fait virulent. Il ne choisit pas : on ne déséquilibre pas du jour au lendemain l’équilibre de la phusis, l’équilibre de toutes choses en leur va-et-vient constant, en l’union de leur contraire. Et plus Dionysos est estropié, plus l’équilibre de la phusis est perdu, plus le monde est déchiré, plus Dionysos est contraint de faire parler sa face obscure, terrible : plus il est forcé d’être violent, plus il y aura de conflits, de maladies, des virus, de catastrophes naturelles, de terrorismes, d’explosion et d’implosion. Toujours dans le même but : de venir rétablir l’équilibre, la musique de la vie. Ce n’est pas que Dionysos aime ça – ou n’aime pas ça : comme la phusis elle-même, Dionysos fait toujours le maximum avec les forces que sont les siennes. Forces immenses, insondables, dont l’homme ne peut venir à bout. S’il le faut, ça ne coûtera par contre pas grand-chose à Dionysos de venir à bout de l’homme.

Et nous, là au milieu

Et nous, là au milieu, tant bien que mal, chahutés par les tensions, les déchirures, les vengeances. Il n’y a en somme que deux possibilités : soit nous entendons les forces de vies (phusiques, dionysiaques) qui nous traversent de fond en comble, nous nous mettons à leur écoute et leur permettons (permettons à Dionysos) de retrouver leur (son) équilibre. Soit nous faisons comme si de rien n’était, contribuons et courrons à la catastrophe.

Jouer le jeu du monde

Avec Dionysos, il s’agit de tout mettre en œuvre pour jouer le jeu de la vie. Comme dans tout jeu, il faut d’abord apprendre les règles, puis, à partir d’elles, ouvrir, s’ouvrir toujours davantage, se libérer l’esprit, aiguiser ses sens, expérimenter les forces productives qui nous dépassent et enthousiasment et, si possible, se laisser porter par elles, et par là les transmettre. Non pas à coups de taloche, mais par des signes, des indications, par l’exemple qu’on donne. L’homme phusique use de ses pulsions comme un jardinier : il fait de soi une œuvre d’art, toute de sagesse, de légèreté, de jeu, d’équilibre, de sérénité, de dépassement, de joie. « Il y a beaucoup d’ennui à surmonter, beaucoup de sueur est nécessaire pour trouver ses couleurs, son pinceau, sa toile ! Si on n’est alors pas encore maître de son art de vivre – on sera au moins souverain de son propre atelier ». L’enjeu n’est pas des moindre : certes d’abord notre équilibre, mais finalement celui de notre entourage et par suite du monde lui-même.

Evohé !

AUSSI ÉTRANGE QUE CELA PUISSE PARAÎTRE à une époque où on se détourne des dieux pour ne se fier plus qu’à l’homme, à la science, à la technique, sinon à soi-même, PHUSIS se met à l’écoute des puissances qui traversent toute chose et tout un chacun. Puissances qui nous dépassent et que, par suite, nous n’hésitons pas à appeler divines.

Comme la phusis elle-même est d’origine grecque, et comme nous sommes nous-mêmes portés par l’esprit grec, nous avons reconnu dans l’ancien dieu grec qu’est Dionysos le dieu de la phusis. Dionysos, dieu de la tragédie, du jeu tragi-comique de l’existence, de l’ivresse printanière, de l’oubli et du dépassement de soi. Dionysos, dieu enfant, naïf, dieu artiste de la vie et de la mort, dieu qui incarne les forces de vie à l’origine de tous les phénomènes. Dionysos, abyssal noyau générateur de tout ce qui apparaît à la surface à partir des profondeurs cachées.

Pas facile de présenter un dieu. C’est pourtant ce que visent à faire les quatres onglets ci-dessous qui lui sont consacrés : Les Bacchantes, Témoignages sur Dionysos et La claque et autres articles sur Dionysos

Les Bacchantes

Témoignages sur Dionysos

La claque et autres articles sur Dionysos