Archive par mois

avril 2020

Vidéo | Anatomie d’un désastre avec Jean-Dominique Michel

Covid-19 | PHUSIS et ATHLE.ch se sont rendus à Genève pour rencontrer Jean-Dominique Michel, un des plus grands spécialistes mondiaux de santé publique. Personnalité médiatique de longue date en terres romandes, il est boudé par les services publics et grands médias suisses durant la crise. 66 minutes de discussion pleine de sagacité et d’ouverture – et sans langue de bois – qui raconte et met en perspective le moment sidérant, énigmatique et inquiétant que nous vivons.

https://www.facebook.com/PHUSIS.ch/videos/279673346520557/?__xts__[0]=68.ARC9SMhrMloQhRk7wdoMs-ZoVn5uYeGkXloAyyOj_L1aGgrElH-P3yAUPiZ9gG25UVe_nsnutVh09z90u_WMFJvO9lCZDBXrq4SNtrSJAu4-hgdqipX6xW3umNsX3Wzeuw2QfcCs7eyH5dS1xU-j21lcFehA-GYIKJq6pshV4YoaxSDTv4h1S4pUrzsMSzNZ20L7dghTeVlM3aRDHeVCCp4FCkxLTPlb76QAIJvovlM_WgYIVNxrJ-yQRH6FFqiVBFGbf_7qvPGjxS7mO89vTrgNQXSeN_v39YfsSwNhyl6qJU2Rd-x0rzAM6GxKPcc5xjs7yt8qOlbRGrsJhYvplP8gELe9Vx_XaXF-_cP2&__tn__=-R

Lien vers la vidéo sur Youtube

Le samedi après-midi du 25 avril 2020, nous nous sommes rendus à Genève à la rencontre de Jean-Dominique Michel, anthropologue et expert de renommée mondiale en matière de santé publique. Après avoir étudié pendant plus de 30 ans les pratiques de soins et dispositifs sanitaires en Europe et dans le monde et avoir enseigné dans une quinzaine de programmes universitaires et Hautes écoles en Suisse et à l’étranger, il a travaillé comme nul autre ces dernières semaines pour comprendre et mettre en perspective ce qui nous arrive.

Dans son bureau de l’Association Pro Mente Sana dont il est le secrétaire général, il nous présente, avec sagacité, ouverture et sans langue de bois l’anatomie de la crise que nous vivons.

Nota bene : Les perspectives proposées par Jean-Dominique Michel relèvent de sa liberté d’analyse en tant qu'anthropologue de la santé et ne reflètent pas une position de l'association Pro Mente Sana.

Mise en perspective à partager sans modération.

Prévue ce mercredi 29 avril, la sortie du livre de Jean-Dominique Michel « Covid-19 : anatomie d’une crise » a contre la bonne volonté de son auteur été reportée au 20 mai prochain.

Découvrez tous les articles de Jean-Dominique Michel sur la crise sur son blog hébergé sur le site web de la Tribune de Genève

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Un spécialiste en cache un autre !

Covid-19 | Dans le cadre de la crise sanitaire, les gouvernements et journalistes se revendiquent « des spécialistes » pour prendre leurs décisions et expliquer la situation. Pour un son de cloche quasi unanime. Mais attention : un spécialiste en cache un autre. La vérité scientifique est RELATIVE. Un « Cours d’épistémologie pour les nuls » s’impose.

Alain Chamfort voit tout juste dans sa chanson : « les spécialistes ont raison », chacun à sa manière, selon ses analyses, son école, sa perspective. En dépit d’une méthodologie commune, la connaissance scientifique est le fruit de consensus entre les divers résultats des multiples travaux entrepris par quantité de spécialistes. Même si les chercheurs considèrent, par pragmatisme ou naïveté, comme vraies les découvertes auxquelles ils arrivent, la vérité scientifique n’en demeure pas moins toujours provisoire et relative.

Dangereuse vulgarisation scientifique
Croire que la science chemine vers un dévoilement progressif de la vérité du monde est une vision idéaliste passée. Elle demeure pourtant tenace dans la vulgarisation scientifique et les médias, qui occultent les nuances et précautions indispensables à la bonne compréhension des phénomènes. La culture générale traite comme des vérités incontestables les modèles qui ne font pas débat.

Vérité multiple aussi sur le Covid-19
Il n’en va pas autrement pour la crise du Covid-19. Contrairement aux apparences véhiculées par les spécialistes labellisés par les gouvernements et les médias, il n’y a pas de vérité sur la dangerosité, la viralité, la létalité, le traitement du coronavirus. Pas non plus sur les mesures à prendre pour lutter contre. Nombreux sont les spécialistes de renom mondial à ne pas partager les positions officielles.

Parmi eux par exemple les deux pointures planétaires que sont le Prof. français Didier Raoult de l’IHU Méditerranée-Infection et le Prof. américain d’épidémiologie de la Rockefeller University à New York Knut Wittkowski. Si les gouvernements et les médias les écoutaient eux, les choses seraient tout autres. Le virus n’apparaîtrait « pas plus grave qu’une grippe normale », le confinement comme une terrible erreur, ne faisant que ralentir la propagation du virus de toute manière terminée après 3-4 semaines (immunité collective) sans déborder les hôpitaux grâce au confinement des personnes à risque et au traitement hydroxychloroquine + azithromycine. Sans crainte de deuxième vague !

Et si les médias se rappelaient l’importance du débat et cessaient de confondre relativité scientifique et fake news ?!

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Le tri en médecine : une réalité qui choque dans le débat public

Covid-19 | Après plusieurs semaines d’autoroute de la pensée, certaines questions tabous font surface dans le débat public autour de la crise : toutes ces mesures ne sont-elles pas… démesurées ? Est-il vraiment justifié de tout arrêter pour sauver des personnes très âgées et en très mauvaise santé ?

Dans nos sociétés, les défenseurs auto-proclamés de la morale s’indignent de telles interrogations, qui reflètent selon eux un manque flagrant d’humanité. Mais ces derniers semblent oublier la réalité de la sélection, en médecine comme dans la vie.

« Les pratiques de tri qu’on découvre aujourd’hui dans le débat public sont routinières en médecine. Elles sont violentes pour les soignants, difficiles éthiquement, insupportables philosophiquement, mais elles sont aussi nécessaires », explique l’anthropologue des épidémies Guillaume Lachenal dans un entretien sur Mediapart. Illustration dans le cadre de l’épidémie actuelle : l’immense majorité des personnes en maison de retraite décède sans passer par l’hôpital et ses soins intensifs.

Tri au quotidien
Tout au long de l’année, les médecins évaluent s’il est justifié ou non de prodiguer des soins intensifs à des patients très âgés ou très atteints. C’est aussi à eux qu’incombe la charge d’expliquer la situation au patient et à sa famille. « Ces pratiques de tri sur critères médicaux sont aussi un moyen de traiter les gens de manière égalitaire, au sens où ce ne sera pas seulement celui qui paie le plus qui aura le droit à un ventilateur par exemple », continue Lachenal dans une perspective planétaire.

Serpent qui se mord la queue
Si le Covid-19 a poussé les gouvernements à prendre des mesures aussi inédites, drastiques, que potentiellement destructrices, c’est pour la protection des plus vulnérables, l’aplatissement de la courbe d’infections, le non-engorgement des soins intensifs et… un minimum de tri et de morts dans les hôpitaux. Tri et morts qui vont à l’encontre du monde éternellement bienheureux dont rêve l’Occident et que promet le transhumanisme.

Les progrès scientifiques, techniques et médicaux offrent la possibilité de prolonger de manière impressionnante la vie des individus. Même de santé fragile, voire victimes de handicaps ou de maladies chroniques, ils peuvent atteindre des âges tout à fait inespérés il y a quelques décennies encore. Mais le serpent se mord la queue. L’utilisation de machines toujours plus sophistiquées augmente certes notre espérance et qualité de vie, mais crée à la fois un nombre considérable de personnes vulnérables, « à risque ». En cas d’épidémie, « la dialyse, le respirateur, la réanimation qui n’existaient pas il y a un demi-siècle soulèvent de nouvelles questions d’accès et de tri, qui ne se posent pas dans de nombreux pays du Sud où quasiment personne n’y a accès », analyse Lachenal.

Sans progrès techniques et sans idéal transhumaniste, le Covid-19 serait apparu sur les graphiques des décès hebdomadaires comme une grippe particulièrement virulente et mortifère. Comme ce fut le cas en 1968-69, avec la grippe de Hong-Kong, qui a causé, dans l’indifférence médiatique générale, 1 million de morts, dont 35’000 Français.

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Du sentiment de responsabilité à la délation et l’intolérance

Covid-19 | Par ses mesures, l’Etat est parvenu à responsabiliser tout le monde. La situation est grave : ce n’est que tous ensemble qu’on s’en sortira. Les réfractaires et autres têtes en l’air doivent être contraints par la police, volontiers informées par des voisins zélés. De quoi s’inquiéter pour l’avenir.

En Suisse, nombreuses sont les personnes qui surenchérissent sur les mesures imposées, qui vont un pas plus loin que les exigences : elles ne sortent plus du tout – et contrôlent ce que font les voisins. Par pur sentiment de responsabilité ? Par altruisme ?

Par leur travail, les médias relaient les mesures et exigences : informent de la situation et en appellent à la responsabilité ; quitte eux aussi à aller un pas plus loin, à perdre leur sens critique, à confondre information et indignation. Par pur sentiment de responsabilité ? Par altruisme ?

Les inquiétudes sont nombreuses en cette période de crise sanitaire : la surveillance des uns par les autres n’en est pas des moindres. Jérôme Beauchez, Prof. de sociologie à l’Université de Strasbourg, s’interroge sur le rôle d’« entrepreneur de morale » qu’adoptent certains en dénonçant les manquements de leurs voisins. Ils pensent sans doute agir pour le bien commun, mais ce dernier risque d’être mis à mal après la crise : « Si l’idée d’une surveillance généralisée tient lieu de nouvelle norme, le soupçon risque de se diffuser et de fracturer encore un peu plus un corps social déjà fragilisé ». Le risque est grand de voir s’accroître les dispositifs d’une surveillance feutrée, douce en apparence, mais qui s’infiltrent insidieusement dans le quotidien.

L’hyper-responsabilisation morale imposée par la lutte contre le coronavirus a toutes les chances de se muer en… intolérance généralisée.

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Les bistrots vous manquent ?

Une bonne p’tite bière et un bon petit plat sur la terrasse d’un bistrot, ça vous dirait ?

Covid-19 | S’assoir dans un bistrot, commander une bière, un plat du jour, un coup de rouge, un café avec des gens de tout horizon, ce ne serait pas quelque chose, ça ? Vous y pensez aussi ?

Evidemment, en cette période de coronavirus, les bistrots nous manquent, plus que jamais. Mais en fait, il nous manquent depuis longtemps, depuis bien avant l’arrivée du coronavirus. Je ne sais pas chez vous, mais dans ma région, les bistrots ont peu à peu disparu. Pourquoi ? Parce que les gens n’y sont plus allés ? Parce qu’ils ont fait faillite ? Parce que des promoteurs les ont rachetés pour en faire des lieux branchés ?

En tout cas, le mélange de gens, de cultures, d’horizons autour d’une bonne bière et d’un bon plat, tout simple, c’est fini. Les restaurants publics existent évidemment encore, mais en mode privatisé, végétarien, bio, branchouille. La société de partage s’est transformée en société de restauration spécifique, de fêtes privées et… de souper chez nos amis. On se voit chez Alain, chez François, chez Chantal, pour manger la spécialité de Madame, ou de Monsieur. Ou alors pour des grillades dans notre jardin, à manger des merguez, des côtelettes, sinon une côte de bœuf… Mais pas dans le boui-boui du coin, trop nul, trop cher.

C’est vrai que là, alors que tout est fermé, une bonne p’tite bière et un bon petit plat, ça nous dirait, non ? Et si, après la crise, on favorisait les rares bistrots qui survivent ici et là ? Possible que la multiplicité et l'échange aient leur rôle à jouer en matière de résistance, aussi aux virus...

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Giorgio Agamben : « Un pays, une culture est en train d’imploser et personne ne semble s’en inquiéter »

Depuis son Italie confinée, le philosophe Giorgio Agamben s’inquiète comme nous de la relation qu’entretiennent les démocraties libérales au coronavirus :

« Je pense que le lecteur qui se met à réfléchir aux points suivants ne peut faire autrement que reconnaître que le seuil qui sépare l’humanité de la barbarie a été franchi. Et ce sans qu’on s’en soit rendu compte ou en faisant comme si de rien n’était. »

Il aborde les questions suivantes :

  • L’effondrement éthique et politique des pays occidentaux
  • Le rapport inhumain aux malades et aux corps des morts
  • La privation de liberté
  • La séparation de l’unité corps-esprit en corps biologique et vie affective et culturelle
  • Le « social distancing » comme nouveau principe de la société
  • Les manquements de l’église, qui renie ses principes essentiels
  • Les manquements des juristes, qui ne veillent pas au respect de la constitution

Ci-dessous notre traduction de son commentaire publié mercredi 15 avril dans la NZZ.

***

Qu’est-ce qui se joue devant nos yeux dans les pays qui se prétendent civilisés ?

Je voudrais partager avec ceux qui en ont envie une question à laquelle je pense inlassablement depuis un mois. Comment a-t-il été possible que tout un pays s’effondre éthiquement et politiquement face à une maladie sans qu’on s’en rende compte ?

Les mots que j’utilise pour formuler cette question, je les ai minutieusement choisis. La mesure du rejet de ces principes éthiques et politiques est en fait très facile à trouver. La question est de savoir : jusqu’à quelle limite est-on prêt à renoncer à ces principes de base ?

Je pense que le lecteur qui se met à réfléchir aux points suivants ne peut faire autrement que reconnaître que le seuil qui sépare l’humanité de la barbarie a été franchi. Et ce sans qu’on s’en soit rendu compte ou en faisant comme si de rien n’était.

Trois points

1) Le premier point, peut-être le plus grave, concerne le corps des personnes. Comment peut-on, au nom d’un risque qu’on est incapable de déterminer de plus près, accepter que nos êtres chers et d’une manière générale tous les êtres doivent la plupart du temps non seulement mourir seuls, mais encore que leur corps soit brûlé, sans enterrement ? C’est là du jamais vu depuis le mythe grec de la fille de roi qu’est Antigone.

2) Nous avons accepté sans hésitation, toujours au nom d’un risque difficile à déterminer, que notre liberté de mouvement soit plus restreinte que jamais dans notre pays, pas même pendant les deux guerres mondiales (le couvre-feu n’était alors valable que pendant certaines heures). Ainsi, au nom d’un risque difficile à déterminer, nous avons accepté de mettre un terme à nos relations d’amitié et d’amour parce que notre prochain est devenu une possible source d’infection.

3) Ceci a pu arriver – et nous touchons à la racine du phénomène –, parce que nous avons séparé en deux parties l’unité de notre expérience de vie, qui est toujours en même temps corporelle et spirituelle, en une unité purement biologique d’une part, et une vie affective et culturelle de l’autre. Le philosophe et théologien Ivan Illich a montré quelle est la responsabilité de la médecine moderne dans cette séparation. Elle semble aller de soi mais est en réalité la plus grande de toutes les abstractions. Je sais que cette abstraction a été atteinte par la science moderne par des appareils de réanimation capables de conserver un corps en état de vie végétative.

Il n’y a pas de retour

Mais si cet état – cette condition – s’étend au-delà de ses limites spatiales et temporelles, comme on essaie de le faire aujourd’hui, et s’il devient une sorte de principe du comportement social, on entre dans des contradictions sans issue. Je sais que certains vont répondre sans délai que l’état actuel est limité dans le temps, que tout va redevenir comme avant. C’est un fait unique qu’on ne cesse de répéter faute de meilleure connaissance.

Car les mêmes autorités qui ont déclaré l’état d’urgence nous rappellent constamment que les mêmes instructions sont aussi à suivre après la fin de l’état d’urgence et que le social distancing– comme on l’appelle dans un euphémisme significatif – représente le nouveau principe d’organisation de la société. Et que ce qu’on a accepté d’endurer – de bonne foi ou faute de meilleure connaissance – est sans retour en arrière.

Quid de l’église?

Comme j’ai rappelé la responsabilité de nous tous, impossible de ne pas mentionner ici la responsabilité pire encore de ceux qui auraient eu pour tâche de veiller à la dignité de l’homme. Avant tout l’église qui – s’étant faite la servante de la science, entre temps devenue la nouvelle religion de notre temps – renie radicalement ses principes essentiels.

Sous un pape qui s’appelle François, l’église a oublié que François a embrassé les lépreux. Elle a oublié qu’une des œuvres de miséricorde consiste en la visite aux malades. Elle a oublié que les martyrs enseignent la disposition au sacrifice de la vie plutôt que de la foi, et que renoncer à son prochain signifie renoncer à la foi.

Pourquoi les juristes se taisent-ils?

Les juristes sont une autre catégorie de personnes qui n’est plus au niveau de sa tâche. Nous sommes depuis un certain temps habitués à l’utilisation frivole des décrets d’urgence, par lesquels le pouvoir exécutif remplace de facto le pouvoir législatif, sapant au passage le principe de séparation des pouvoirs qui définit la démocratie.

Mais dans ce cas, toutes les limites ont été franchies, et on a l’impression que les mots du Premier ministre et du Chef de la protection civile ont une force juridique directe, comme on le disait jadis des paroles du Führer. Et on ne voit pas comment, à l’encontre de toutes les annonces, les restrictions à la liberté peuvent être maintenues après l’expiration des règlements d’urgence. Avec quels moyens juridiques ? Avec un état d’urgence constant ? C’est la tâche des juristes de veiller à ce que les règles de la constitution soient respectées, mais les juristes se taisent. Quare siletis iuristae in munere vestro? (Pourquoi êtes-vous silencieux, juristes, quand il y va de votre tâche ?)

Je sais qu’il y aura toujours des gens qui vont se lever et répondre : le sacrifice si difficile a été fait au nom de principes moraux. J’aimerais leur rappeler qu’Adolf Eichmann n’arrêtait pas de répéter – visiblement en toute bonne foi – qu’il a fait ce qu’il a fait en toute conscience, pour satisfaire ce qu’il tenait pour les lois de la morale kantienne.

Une règle qui dit qu’il faut renoncer au bien pour sauver le bien est tout aussi erronée que celle qui exige qu’on renonce à la liberté pour sauver la liberté.

Giorgio Agamben est un philosophe et auteur italien. Il a écrit de nombreux ouvrages sur le thème de l’état d’exception

Notre traduction française repose sur la traduction en allemand de René Scheu.

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Vidéo | 4e point de la situation avec le Dr. Perrine Truong

Covid-19 | Tout au long de l’année, Perrine Truong doit annoncer à des patients et à leur famille qu’il est vain d’essayer de les sauver. Elle porte un regard intéressant sur la crise. 4e point de la situation au 17 avril 2020.

Points forts

"Je pense que c’est juste de se poser la question de la démesure de toutes ces mesures par rapport à la vie de personnes âgées et malades"

"Je pense que la stratégie du confinement n’était pas forcément la meilleure des stratégies. Parce qu’il y a beaucoup de répercussions…"

"C’est contre les maladies qui causent la mortalité du coronavirus qu’il faut lutter ces prochaines années: la sédentarité, le surpoids et les maladies cardiovasculaires. Ce sont les vrais problèmes, plus que le virus lui-même"

"Plutôt que de compter le nombre de vies sauvées, c’est intéressant de compter le nombre d’années de vie sauvées"

"On est très centrés sur nous dans cette crise, il ne faut pas oublier qu’en Afrique il y a des milliers d’enfants qui meurent chaque jour de malnutrition ou de manque d’eau potable. Quelques milliers de francs pourraient sauver beaucoup de vies d’enfants, alors que chez nous des millions sont dépensés pour sauver quelques années de vie"

"C’est un peu difficile de parler comme ça, parce que chaque jour et chaque année sont importants, mais ça permet peut-être de remettre les choses en perspective"

"Avec la stratégie suisse on aura beaucoup moins de personnes qui vont être immunisées par rapport à un pays comme la Suède où beaucoup plus de personnes l’ont attrapé"

*

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Tous les dommages ont été sous-estimés – hormis ceux provoqués par le virus

« On est de l’autre côté de la montagne », a annoncé il y a une semaine lors d’une conférence de presse le porte-parole de l’OFSP Daniel Koch. Non sans craindre une remontée des chiffres. Pour le moment, les choses se présentent bien, la tendance est bonne, mais « il doit être clair pour tout le monde qu’il s’agit maintenant de tenir bon », poursuit Koch.

Il y a toujours plusieurs dizaines de décès par jour. « Il ne faut en aucune façon sous-estimer la maladie », poursuit Koch, en avançant ce qu’il n’avait guère fait auparavant : que les personnes de grand âge sont particulièrement à risque, et que les jeunes séniors ne sont pas non plus sans garantie de ne pas tomber gravement malades des suites du virus. Le mot d’ordre est simple : tout le monde doit continuer à se donner de la peine pour parvenir à revenir à une situation normale.

Dommages économiques sous-estimés
Depuis la mi-mars, la situation économique s’est détériorée bien plus fortement qu’escompté au début de la crise du coronavirus. Selon Eric Scheidegger, Chef de la Direction de la politique économiquedu SECO, on a perdu un quart de la productivité.

Dans diverses branches telles l’hospitalité, la perte est de plus de 80%, dans les domaines du commerce et du transport, 50 à 60% de la productivité a été perdue, explique Scheidegger lors de la même conférence de presse. La récession sera assurément plus lourde que prévue mi-mars. Le produit intérieur brut va baisser de 7 à 10%.

Engagement militaire exagéré
Du côté de l’armée, seule une partie des 5000 militaires convoqués pour lutter contre le Covid-19 a effectivement pu être engagée sur le terrain. Le brigadier Raynald Droz s’en défend en rappelant qu’il y a six semaines, alors que la vague arrivait en Suisse depuis l’Italie du Nord, on n’avait encore aucune idée comment les choses allaient se passer : « On n’avait pas de temps ni de choix ». Raison pour laquelle le maximum a été fait. Dès la semaine prochaine, l’équilibre entre ressources et besoin sera revu.

Dommages collatéraux potentiellement immenses
Si les économistes s’inquiètent et que les services publics s’adaptent, on ne parle pour l’instant guère des dommages collatéraux, cachés, provoqués par la crise sanitaire. La question des troubles psychiques, relationnels, moraux ne sont pas (encore) d’actualité. Les conséquences des mesures liées au coronavirus sur notre rapport à nous-mêmes, à nos proches, aux gens ainsi qu’à la santé, à la maladie, à la vie, à la mort ne sont pas (encore) à l’ordre du jour.

On ne se prononce pour l’heure pas davantage sur la possibilité qu’on se soit laissé entraîner dans une psychose et un fourvoiement collectifs : qu’on ait écouté les mauvais spécialistes et par suite surestimé la dangerosité du virus et misé sur les mauvaises mesures. Pas encore, mais ça risque de venir…

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On nous (a) fait peur – par stratégie ?

Covid-19 | La peur est l’ingrédient principal qui fait appliquer et surenchérir les consignes. Massivement diffusée par les autorités et les services publics, cette peur est-elle stratégique ? Quoi qu’il en soit, elle aura des répercussions terribles sur les individus et la société.

Une récente enquête de l’Institut français de l’opinion publique (IFOP) montre que plus de 80% des Français craignent le décès d’un proche en raison du coronavirus ; 65% leur propre mort. Ceci alors que les personnes à risques s’avèrent n’être « que » les personnes très âgées, en surpoids, surtension ou souffrant de maladie(s) chronique(s). Pour toutes les autres, le virus s’avère (quasi) inoffensif. Or cela, on s’est gardé de nous le dire. Parce qu’on ne le savait pas ? Ou parce qu’il faut que tout le monde ait peur pour que fonctionne la stratégie de la « distanciation sociale » ?

Exemple en amont de Pâques. Le 8 avril, la NZZ titre, en Une, « Les hôpitaux attendent le pic pour mai seulement ». Le message est clair : le pire est à venir, explique un médecin des soins intensifs de l’Hôpital universitaire de Zurich. Ceci alors que tous les graphiques montrent une courbe aplatie. De nombreux autres médias suisses vont dans le même sens, avec pour argument : « Il ne faut pas que les gens se relâchent avant le week-end de Pâques »…

Peur canalisée dans nos sociétés
Si la multiplication des règlements sécuritaires, des verrous et des policiers (sinon des armes à feu) est parvenue à canaliser la peur dans nos sociétés, elle a fait un retour fracassant ces dernières semaines. Instillée dans nos vies, elle s’est mise à rôder partout. A bien y regarder comme puissant moteur pour que les mesures de lutte contre le coronavirus soient collectivement respectées.

Moteur pour le respect des mesures
Dès que le SARS-CoV-2 a été pris au sérieux, l’enjeu a été d’unir la population pour permettre une action homogène. Comment ? Par une bonne information et la force de conviction ? En misant sur le raisonnement et le bon sens de chacun ? Non, par la peur : peur et responsabilité vis-à-vis de soi, de ses proches, tout comme du quidam rencontré dans la rue, qui pourrait nous transmettre, ou à qui nous pourrions transmettre le virus. Selon le Tages-Anzeiger, le gouvernement suisse a d’ores et déjà dépensé quelque 5 millions pour sa campagne, faite sur toutes les plateformes, jusque dans les médias.

Faut-il le rappeler ? La peur est depuis la nuit des temps un levier pour unir les gens. Nombreux sont les déclenchements de conflits internationaux à l’avoir récemment rappelé. Renforcé par un vocabulaire guerrier, ce levier a fonctionné comme un jeu de dominos ces dernières semaines : des chiffres et des images terribles en provenance d’Italie ont effrayé et fasciné la terre entière et rapidement impliqué une « guerre contre le virus » et par suite une « mobilisation générale », de l’OMS, des Etats, des services publics, personnel soignant en tête. Très vite, l’armée, la protection civile, les forces de l’ordre et autres agents de la fonction publique, fédérations et représentants des médias se sont engagés dans la bataille.

Médias privés de sens critique
Pensant bien faire, la plupart des représentants des médias en a perdu sa distance critique. Dans l’urgence, des flux d’informations continus sont apparus partout pour relayer l’extrême dangerosité du virus, l’évolution catastrophique de la situation dans les hôpitaux et surtout la courbe terrifiante du nombre de personnes infectées et décédées. Le débat scientifique (en épidémiologie, virologie, infectiologie, voire en statistiques, sinon en économie, sociologie et philosophie) ainsi que les mises en perspectives hospitalières sont le plus souvent restés lettre morte au profit d’une information d’une pièce, basée sur des spécialistes et un personnel unanimes. Tous les moyens ont été mis en œuvre pour que « le corps social dans son ensemble soit atteint et en deuil », expliquait dimanche 12 avril le politologue Jérôme Fourquet, Directeur du département opinion à l’institut IFOP.

Série de réflexes et peur de mal faire
Etait-ce-là une volonté stratégique de nos dirigeants ? A priori plutôt une suite de réflexes et d’automatismes de la part d’une série de fonctionnaires (internationaux, nationaux, cantonaux, etc.) catapultés dans le vif de l’action avec l’envie de bien faire et… la peur de mal faire. Très vite, l’effet domino s’est mis en marche : les choses se sont réduites et fermées les unes après les autres. D’abord sans du tout se soucier des conséquences humaines et sociales potentiellement dramatiques que peuvent entraîner la peur et les mesures de « distanciation sociale ».

Aujourd’hui, les chiffres montrent que les mesures ont été très efficaces, que le personnel soignant a fait un travail exemplaire, mais aussi qu’il aurait été possible de faire les choses autrement, sur la base des recherches et propositions d’autres spécialistes. Demain nous dira si nous avons bien fait ces dernières semaines – ou pas.

Dans l’immédiat, l’enjeu est de surmonter la peur, retrouver une certaine sérénité et renouer avec le débat d’idées. Pour repartir de l’avant avec enthousiasme en direction de la joie.

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Jean-Dominique Michel : « Les décisions de nos gouvernements n’ont probablement fait que retarder l’agonie »

Tout juste remis du Covid-19, l’anthropologue genevois spécialiste de la santé Jean-Dominique-Michel que nous avons cité dans notre article Il s'agit d'une épidémie « banale » a accordé une interview au nouveau média « L’impertinent ». Pragmatique, il y  indique notamment :

« On ne peut pas prendre une mini épidémie (fondamentalement pas plus grave qu’une autre) et en faire une catastrophe apocalyptique. Là, il y a quand même une responsabilité collective. »

« Les mauvaises décisions de nos gouvernements n’auront fait probablement que rallonger l’agonie, mais malgré cela (et non pas grâce à cela, comme on essaye fallacieusement de nous le faire croire) on est sur la bonne pente »

« La quadrature du cercle dans laquelle était pris le Conseil fédéral (comme d’ailleurs les autorités cantonales): «comment faire paniquer les gens sans les faire paniquer, tout en les faisant quand même suffisamment paniquer, mais sans trop les faire paniquer non plus ? »

« Les gros dégâts qu’on voit aujourd’hui ne sont pas dus à la dangerosité du Covid-19. C’est au contraire la mauvaise réponse sanitaire qui génère l’essentiel de la mortalité. »

« C’est de l’ordre du détournement d’attention, de la désinformation. On voit bien comment les informations qui nous sont données sont manipulées (ou à tout le moins orientées) pour noyer le poisson et enfumer le chaland. Mais il va y avoir, in fine, des comptes à rendre sur la réalité de ce qui a été fait. »

« Cette épidémie est un non-événement du point de vue infectieux, hormis les cas très graves, mais statistiquement rares, de pneumonies qui conduisent certaines personnes à avoir besoin d’une assistance respiratoire. »

« Planter l’économie, précariser des centaines de milliers de personnes (en particulier les plus fragiles économiquement) et mettre les gens en danger avec les mauvaises réponses sanitaires à un virus sans gravité épidémique particulière devra être repris sans complaisance. »

Lien vers l’article complet : https://www.limpertinentmedia.com/post/today-in-entertainment-history-2

Lien vers le blog et les multiples articles de Jean-Dominique Michel sur le Covid-19 : http://jdmichel.blog.tdg.ch

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