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Pensées athlétiques

La grande raison du corps

« Le cœur a ses raisons que la raison ignore », écrivait Pascal au 17e siècle. Quatre siècles plus tard, les êtres sensibles vont plus loin et proclament : « Le CORPS a ses raisons que la raison ignore ».

La raison est une faculté de grande utilité et puissance. Elle offre la possibilité d’analyser, de connaître, de juger et calculer les choses. Elle permet d’y voir clair, d’en avoir le cœur net. De faire des bons plans, d’optimiser ses affaires. Et de dominer ses adversaires moins doués pour la rationalité. Dans tous les domaines de la vie.

Importance du cœur

Mais attention : le cœur, le sentiment, la sensibilité joue aussi un rôle. Et même un grand. Par maints côtés, le cœur est même plus important, plus puissant que la raison. Quand on tombe amoureux, par exemple, ou quand on est pris par une folie, qui donne un sens à notre vie.

Le cœur a quelque chose de prodigieusement fort et profond. Il est vaste, coloré, vivant. En face, la raison apparaît bien terne et limitée. Si les gens sont parfois sérieux, secs, ennuyeux, c’est qu’ils oublient d’écouter leur cœur.

Quelque chose de fou

Le cœur est rempli de fraîcheur et de santé. Il déborde d’enthousiasme et de joie. Il a quelque chose de fou, qui nous dépasse, qui déborde notre intelligence.

Le hic, avec le cœur, c’est justement ça : son côté surabondant, mystérieux, incalculable. Tellement qu’il fait peur à ceux qui, dans leurs activités, ne se fient qu’à leur raison : qui arrangent leur vie comme un jeu d’échec, font les meilleurs calculs pour réussir les meilleurs coups.

Le corps, c’est la vie

Et le corps, dans tout ça, me direz-vous ? Vous le savez bien, vous autres amoureux de l'existence ! Le corps est plus important et profond encore que la raison et que le cœur : il est le garant de l'un et de l'autre. Sans corps, pas de cœur, ni de raison. Sans corps, pas de vie, mais le vide, la mort. Tout le monde finit par l’expérimenter.

Voilà pourquoi, les êtres sensibles proclament : « Le CORPS a ses raisons que la raison ignore ». Parce que le corps, c’est la vie, le devenir, en tous ses mystères. Apprendre à connaître le corps est le seul enjeu de la vie : découvrir son équilibre, son évolution, sa cohérence, son harmonie. Cultiver ses forces, sa santé, ses facilités ; surmonter ses faiblesses, ses maladies, ses difficultés. Le tout avec son cœur, que la raison ignore.

Tous les bons athlètes, tous les bons entraîneurs le savent : en apprenant à écouter, sentir et accompagner productivement son corps, on est capables de réaliser de grandes choses, qui procurent des joies immenses. Et pas forcément en récoltant des honneurs.

Pensée athlétique publiée dans le Swiss Athletics Magazine numéro 53 de décembre 2021.

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« In corpore » avec Michel Herren aux 20KM de Lausanne

EXPÉRIENCE DE COURSE | Certains courent après l’argent, le pouvoir, le confort, le bonheur. Le vrai coureur, lui, ne court après rien d'autre que le mieux vivre : se découvrir et dépasser soi-même. Du 10 avril au 9 mai, l’entraîneur et philosophe-maison Michel Herren vous accompagne dans le cadre de la version connectée des 20KM de Lausanne en direction de sensations, pensées et joies nouvelles. Course gratuite ouverte à tous, à consommer sans modération. Pour plus de feeling, de sagesse et de santé ! Infos pratiques ci-dessous.

Photo : (c) Florian Aeby

Ce printemps, les 20KM de Lausanne se démultiplient. Du 10 avril au 9 mai, manifestation populaire historique propose des sorties courses à pied en version connectée. Quatre parcours, quatre univers, avec six personnalités dans les oreilles au départ de Bellerive :

  • 2 km de magie entre eau et lumière avec la conteuse Barbara Sauser: « Le soleil du Léman »
  • 4 km rigolos avec une coach et un boulet en compagnie de Catherine Guggisberg et Karim Slama: « La coach et le boulet »
  • 10 km d’humour avec des personnages de la galaxie Vincent Kucholl et Vincent Veillon: « 120(’000) secondes ou un peu moins »
  • 20 km de sensations avec l’entraîneur-philosophe Michel Herren vers la fluidité, la sagesse et la joie : « In corpore »

Gratuits, les parcours sont ouverts jour et nuit, du 10 avril au 9 mai. Pour y participer, c’est tout simple : il suffit de télécharger l’application gratuite Runnin’City, y chercher Lausanne, sélectionner le parcours de son choix – et s’assurer avant de partir que son téléphone soit bien chargé. Et hop, c’est parti : une voix vous indique le chemin à prendre, une autre vous raconte des histoires !

« In corpore » : la course à pied comme art de vivreATHLE.ch vous donne rendez-vous à Bellerive, baskets aux pieds, casque sur les oreilles, pour les 20 km « In corpore » : une plongée commune dans soi-même, chacun à son rythme, avec sa foulée, ses qualités, défauts, forces et faiblesses. Quelques exercices et mises en perspectives faciles vous permettront de mieux expérimenter la grande intelligence et sagesse de votre corps. La plongée est progressive, dans soi-même, dans le paysage et au-delà, pour. Voici ce que vous serez amené à faire :

  • Découvrir de nouvelles sensations et perspectives grâce à l’effort et à la souffrance
  • Sentir, ressentir, apprécier et interpréter les choses
  • Accompagner par la pensée ce qui se passe dans le corps
  • Se laisser inspirer, porter par les forces qui nous dépassent
  • Mettre des mots sur la mystérieuse expérience qu’est la course à pied.

Le tout dans un cadre magnifique. Départ à Bellerive, passage à Ouchy, la Tour Haldimand, le Parc du Denantou, Vidy, le Centre sportif de Dorigny, St-Sulpice, les terrains de foot de Chavannes et retour via le Parc Bourget et la Vallée de la jeunesse jusqu’à Bellerive. Même ceux qui connaissent très bien le coin découvriront des chemins et plaisirs insoupçonnés !

https://www.youtube.com/embed/e-G2KFHayyA

Lien vers les 20KM de Lausanne
Lien vers l’appli Runnin’City

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« C’est tout autre chose ! »

Commentaire depuis les Championnats d’Europe indoor d'athlétisme à Torun, qui rappellent la cruelle beauté de la vie aujourd'hui oubliée, écrasée. La vie comme lutte terrible, avec et contre les autres, vers le plus haut niveau. Epreuve aux antipodes de notre vision du monde, qui pousse à protéger jusqu’à l’absurde les plus fragiles.

En sport, l’enjeu est de battre ses adversaires, de finir devant, de passer des tours, finalement de grimper sur le podium. Forcément, la sélection est terrible, l’apprentissage cruel. D’autant plus à l'Euro indoor d'athlétisme à Torun, où la Fédération continentale a choisi de durcir les règles du jeu en supprimant partout où c’est possible les repêchages.

« Le calcul, la tactique ne sert pas à grand-chose »
« Soit t’es fort, soit t’es mort », expliquait jeudi soir, en zone mixte, un jeune coureur de 1500 m les yeux pétillant suite à son élimination pour quelques dixièmes au premier tour. Ils étaient 12 au départ, dans sa série, comme dans les autres – et les deux premiers seulement ont passé en finale. Deux sur douze. La grande majorité éliminée. Chacun fait son possible, voire impossible. Seuls les plus forts passent. Les autres sont out. La loi du plus fort. Pas du plus riche, du plus intelligent, du plus opportuniste ou complaisant, mais du plus fort. « Le calcul, la tactique ne sert pas à grand-chose : il faut être fort, c’est tout », répond le jeune homme à la question s’il a fait une erreur. « Bien sûr, avec mon coach, on a analysé mes adversaires, on a réfléchi aux scénarios, élaboré des stratégies. Je crois avoir fait tout juste, mais… pas assez fort. A la fin, les autres allaient plus vite ».

Impressionnant comme ça joue des coudes
Le Fribourgeois Charles Devantay (SA Bulle) était lucide lui aussi après son échec sur 400 m : « Un championnat comme ça, ce n’est pas du tout ce qu’on a l’habitude de faire ». Aux Suisses, à Macolin, il a été emmené, impérial, par son copain d’adversaire Ricky Petrucciani, qu’il a mangé sur la fin. Titre, record (46"66), 5e meilleur performance suisse de tous les temps.

A Torun, c’était une autre paire de manche : « On avait décidé de partir fort pour être deuxième à la cloche, mais les autres sont partis plus fort encore ». Le Fribourgeois s’attendait à ce que ce soit la bagarre, mais pas à ce point : « C’est impressionnant comme ça joue des coudes ». Dans l’avant-dernière ligne droite, à 100 m de la fin, il a voulu reprendre Mihai Cristian Pislaru, mais impossible. Le Roumain en a remis une couche, a poussé Devantay à l’extérieur. Le champion suisse n’a pas pu passer, a dû se résoudre à se remettre derrière, avant de finalement passer dans la dernière ligne droite. Mais loin des autres. Et de la qualif. Championnat terminé, dès les séries.

Le sport dans sa version pure et dure, comme la vraie vie.

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Le tri en médecine : une réalité qui choque dans le débat public

Covid-19 | Après plusieurs semaines d’autoroute de la pensée, certaines questions tabous font surface dans le débat public autour de la crise : toutes ces mesures ne sont-elles pas… démesurées ? Est-il vraiment justifié de tout arrêter pour sauver des personnes très âgées et en très mauvaise santé ?

Dans nos sociétés, les défenseurs auto-proclamés de la morale s’indignent de telles interrogations, qui reflètent selon eux un manque flagrant d’humanité. Mais ces derniers semblent oublier la réalité de la sélection, en médecine comme dans la vie.

« Les pratiques de tri qu’on découvre aujourd’hui dans le débat public sont routinières en médecine. Elles sont violentes pour les soignants, difficiles éthiquement, insupportables philosophiquement, mais elles sont aussi nécessaires », explique l’anthropologue des épidémies Guillaume Lachenal dans un entretien sur Mediapart. Illustration dans le cadre de l’épidémie actuelle : l’immense majorité des personnes en maison de retraite décède sans passer par l’hôpital et ses soins intensifs.

Tri au quotidien
Tout au long de l’année, les médecins évaluent s’il est justifié ou non de prodiguer des soins intensifs à des patients très âgés ou très atteints. C’est aussi à eux qu’incombe la charge d’expliquer la situation au patient et à sa famille. « Ces pratiques de tri sur critères médicaux sont aussi un moyen de traiter les gens de manière égalitaire, au sens où ce ne sera pas seulement celui qui paie le plus qui aura le droit à un ventilateur par exemple », continue Lachenal dans une perspective planétaire.

Serpent qui se mord la queue
Si le Covid-19 a poussé les gouvernements à prendre des mesures aussi inédites, drastiques, que potentiellement destructrices, c’est pour la protection des plus vulnérables, l’aplatissement de la courbe d’infections, le non-engorgement des soins intensifs et… un minimum de tri et de morts dans les hôpitaux. Tri et morts qui vont à l’encontre du monde éternellement bienheureux dont rêve l’Occident et que promet le transhumanisme.

Les progrès scientifiques, techniques et médicaux offrent la possibilité de prolonger de manière impressionnante la vie des individus. Même de santé fragile, voire victimes de handicaps ou de maladies chroniques, ils peuvent atteindre des âges tout à fait inespérés il y a quelques décennies encore. Mais le serpent se mord la queue. L’utilisation de machines toujours plus sophistiquées augmente certes notre espérance et qualité de vie, mais crée à la fois un nombre considérable de personnes vulnérables, « à risque ». En cas d’épidémie, « la dialyse, le respirateur, la réanimation qui n’existaient pas il y a un demi-siècle soulèvent de nouvelles questions d’accès et de tri, qui ne se posent pas dans de nombreux pays du Sud où quasiment personne n’y a accès », analyse Lachenal.

Sans progrès techniques et sans idéal transhumaniste, le Covid-19 serait apparu sur les graphiques des décès hebdomadaires comme une grippe particulièrement virulente et mortifère. Comme ce fut le cas en 1968-69, avec la grippe de Hong-Kong, qui a causé, dans l’indifférence médiatique générale, 1 million de morts, dont 35’000 Français.

#ObéissonsMaisOsonsPenser

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Comment devenir excellent

David-Rudisha-Jim-de-ZoetePENSÉE ATHLÉTIQUE | Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le double champion du monde, champion olympique et détenteur du record du monde du 800 m David Rudisha (KEN) parle de son rêve d’excellence. En athlétisme, mais pas seulement. Pour devenir excellent, il ne suffit pas de rêver, il faut travailler dur, faire quantité de sacrifices, être discipliné, se comporter comme un exemple, prendre chaque jour un bon petit-déjeuner, avoir la bonne attitude, être humble… Vidéo : Blue Band « Je ne peux pas dire que je suis excellent, mais j’ai toujours rêvé d’excellence. Pour devenir un homme excellent, tu dois être humble, avoir la bonne attitude et travailler dur. Quand j’étais jeune, je voulais devenir comme mon père. Je savais qu’il était un athlète. J’ai réalisé que rêver n’était pas assez. Ça te prend beaucoup. Tu dois faire de nombreux sacrifices, être discipliné. Si tu es fort mentalement et physiquement, tu n’arrêtes jamais. Si tu arrêtes, tu perds. Ça fait du bien de sentir tout le pays derrière toi. Je sais qu’il y a beaucoup de jeunes qui nous regardent. Et ils veulent devenir un jour comme nous. C’est – oui ! – une excellente motivation. S’il y a quelque chose que je peux dire aux jeunes, ma mère me l’a appris: avec un bon petit-déjeuner et la bonne attitude, tout est possible. Car si tu as un bon petit-déjeuner, tu es prêt pour tes activités quotidiennes, tu sais accomplir ce que tu veux dans ta vie. Je ne crois pas que tu peux être le meilleur. Essaie toujours d’atteindre le prochain niveau. Je m’appelle David Rudisha, double champion du monde, champion olympique et détenteur du record du monde du 800 m. » Commentaire Le maître-mot de Rudisha : l’HUMILITÉ. Dérivé de humus, qui signifie terre en latin, l’humilité dénote – loin de toute arrogance – une juste présence au monde : à ses semblables, à la nature, à la terre. *** What does it take to be Great? “I cannot say that I’m great, but I’ve always dreamed of greatness. To become a great man, you’ve to be humble, have the right attitude and to work hard. When I was growing up, I wanted to become like my father. I knew he was an athlete. I realize that dreaming was not enough. It takes a lot. You’ve to make a lot of sacrifices, with discipline. If you’re strong mentally and physically, you never quit. If you quit, you lose. It feels good if you have all the country behind you. I know there is a lot of young people looking at us. And they want to become like us one day. That – yeah – is a great motivation. If there is something I can say to the young people. My mother taught me: with a good breakfast and the right attitude, anything is possible. Because if you have a good breakfast, you are ready for the days-activities, you know to achieve what you want in life. I don’t think you can be the best. Always try to achieve the next level. I’m David Rudisha, two times World Champion, Olympic Champion and the world record holder of 800 m.“
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Soyez… liquides !

Et hop elle se casse la gueulePENSÉE ATHLÉTIQUE | On est tous comme l’eau. On ne s’en rend pas compte, mais on évolue toujours entre l’état gazeux et l’état de gel. L’état gazeux, où notre attention s’évapore, se volatilise, où notre pensée part dans tous les sens ; et l’état de gel, où on est tellement focalisé sur quelque chose (souvent ridicule) que tout, en nous, se fige, se bloque : on se trouve comme un glaçon, sans plus pouvoir faire grand-chose, sinon, éventuellement, s’immerger dans un whisky. Dans tout ce que nous faisons, en sport comme ailleurs, nous naviguons entre ces deux états : la dispersion complète, le divertissement le plus passif – et l’hyper-focalisation, la concentration outrée. L’attention vaporisée, éclatée, le brouillard – et le ciblage à outrance, le blocage, l’absence d’ouverture. Entre la mollesse, le relâchement, le farniente – et la crispation inhibitrice. L’enjeu est de gagner l’équilibre entre ces deux extrêmes, dans la tête et dans le corps. Trouver la bonne tension, devenir fluide, liquide, prendre la mesure de ce qui nous entoure, se fondre dans l’activité à mener : s’adapter, se moduler. Entre gaz et glace, relâchement et crispation, devenir gaz et glace à la fois : réchauffer la glace qui est toujours en voie de nous prendre, fluidifier le dur, assouplir le rigide ; et en même temps solidifier, durcir ce qui se dissout en gaz, matérialiser ce qui s’évapore. Ce n’est qu’ainsi qu’on gagne la bonne tension qui permet d’évoluer à bon niveau, voire d’atteindre de grands objectifs.
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Triomphe US : jeu de dupes ?

hardest team to makePENSÉE ATHLÉTIQUE | Dimanche, à Portland (USA), les Etats-Unis ont bouclé « leurs » Mondiaux indoor d'athlétisme avec un nouveau record absolu de médailles glanées : pas moins de 23 breloques, dont 13 en or, ont été remportées par les 58 athlètes de la délégation américaine. Derrière les USA, l’Ethiopie et la France terminent aux 2e et 3e places du tableau avec seulement 5 et 4 médailles. Si le président de la Fédération internationale (IAAF) Sebastian Coe parle de « bon début pour regagner la confiance du public » suite aux aléas de ces derniers mois, ATHLE.ch s’interroge sur la bonne santé de la planète athlétisme. Après les quatre jours de compétition à Portland, dans l’Etat d’Oregon – fief de Nike et de l’athlétisme américain –, l’heure est au bilan. Bilan réjouissant, tous azimuts : les joutes mondiales se sont presque jouées à guichets fermés, près de 40'000 spectateurs se sont rendus dans l’Oregon Convention Center. Tension, haut niveau, records et ambiance de feu La tension était de mise, les luttes des plus serrées. Et le niveau exceptionnel : pas moins de 10 meilleures performances mondiales de l’année, sept records continentaux et plus de 40 records nationaux ont été battus. Dont bien sûr le record suisse du saut à la perche (4,80 m) dans un concours hitchcockien de Nicole Büchler, incroyable 4e, après un total de 13 sauts. « Pendant les quatre jours passés, nous avons expérimenté le meilleur de l’athlétisme indoor », commente Sebastian Coe, Président de l’IAAF, dans l’article de clôture du site de la Fédération internationale. « Un divertissement du top niveau, présenté de manière innovante, avec des effets de lumière et de son, depuis la présentation des athlètes dans le stade jusqu’aux cérémonies protocolaires au Centre-ville », poursuit-il. « L’athlétisme en salle offre une expérience intime pour les fans de sport, qui ne sont éloignés que de quelques mètres des athlètes en compétition. La grande foule de cette semaine a montré que l’athlétisme en salle délivre un show grandiose quand il est bien emballé », conclut Coe. Américains plus dominateurs que jamais L’ambiance ? Au beau fixe, évidemment : les 58 athlètes américains – la plupart inconnus de la grande scène internationale – ont raflé exactement la moitié des titres en jeu. Autrement dit : une finale sur deux a vu triompher un athlète US. « Des Championnats des Etats-Unis, avec forte participation internationale », souriait dimanche, lors de la dernière session, Sigi Heinrich, le commentateur de légende sur Eurosport Allemagne. Nous, on doit avouer, on a adoré regarder ces Championnats du monde. On a par exemple adoré découvrir Vashti Cunningham, la toute jeune lycéenne de Las Vegas (Nevada/18 ans), sacrée à la hauteur pour sa première finale en grand championnat. Ou alors la domination de Matthew Centrowitz et d’Ashton Eaton sur 1500 m et à l’heptathlon, tous deux protégés de Nike et basés en Oregon. Ou encore l’impressionnant Marquis Dendy, qui s’est imposé pour 1 centimètre en longueur, avec un bon à 8,26 m, lors de ses premiers Mondiaux élite. Sans même parler des relais de 4x400 m américains, qui n’ont laissé que des miettes à leurs adversaires. Nous, on a adoré, non sans nous rendre compte que jamais un pays n’a écrasé de la sorte des joutes mondiales. Pas même la Russie, aujourd’hui privée de compétitions internationales pour cause de dopage systématique. Ni le Kenya, aussi dans la tourmente, qui avait récolté la bagatelle de 16 médailles aux Mondiaux de Pékin l’an dernier et qui se retrouve cette fois soudain recalé à la… 25e place, avec deux breloques de bronze. Et la Jamaïque, me direz-vous, le pays de 2,7 millions d’habitants qui a égayé la planète athlétisme ces dernières années ? Elle ne récolte qu’un titre, une deuxième et une troisième places. Et Coe de dire, dans un article de la RTBF : « On ne peut pas nier que nous sommes confrontés à de sacrés défis pour regagner la confiance du public, mais ces Championnats sont un bon début ». Un bon début, oui, pour autant qu’on considère l’athlétisme comme un divertissement, un show à l’américaine, voire un simple jeu de dupes.
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L’homme ou la machine ?

googlegPENSÉE ATHLÉTIQUE | A Séoul se joue ce mardi la 5e et dernière rencontre de jeu de Go opposant le programme informatique AlphaGo de Google au grand dominateur mondial de ces dix dernières années Lee Sedol (KOR). Mais, au vu du score (3-1), l’homme a déjà perdu la bataille face à la machine. L’objectif était simple : déterminer, dans un tournoi en cinq manches, qui de l’intelligence humaine ou artificielle est la plus efficace au fameux jeu de stratégie combinatoire abstrait chinois. Et l’homme a perdu. Comme déjà le champion du monde de jeu d’échecs Garry Kasparov en 1997 contre l’ordinateur Deep Blue d’IBM. Le tournoi qui s'achève ce mardi montre les énormes progrès effectués depuis une dizaine d'années dans le domaine de l'intelligence artificielle, notamment grâce au deep learning : ensemble de méthodes d’apprentissages automatiques de modèles de données. DeepMind, la filiale de Google qui a développé le programme AlphaGo, fanfaronne avoir escaladé « l'Everest de l'intelligence artificielle ». « Je ne sais pas quoi dire », a déclaré, abattu, le joueur-star Lee Sedol. « Je m'excuse de ne pas avoir été à la hauteur des attentes. Je me suis senti comme impuissant », a ajouté le champion, qui reconnaît avoir « mal jugé » les compétences du programme. « C'est vrai que j'ai une expérience considérable, mais je n'ai jamais été soumis à une telle pression (...) et j'ai été incapable de la surmonter ». COMMENTAIRE : L’homme a de longue date perdu la bataille de la technique. Le cerveau biologique est déjà infiniment moins puissant qu’un système expert. Les techniciens jubilent : la capacité de calcul d’un ordinateur est aujourd’hui de 30 millions de milliards d’opérations par seconde. Demain, il sera d’un milliard de milliard d’opérations dans le même laps de temps. PERSPECTIVE : La victoire d’AlphaGo sur l’homme pose des questions : est-il malin d’apprendre le jeu de Go à l’intelligence artificielle ? Faut-il vraiment lui apprendre la stratégie, le faux-semblant, la manipulation, le mensonge, la triche ? Rien n’est moins sûr : lui apprendre à nous battre aux jeux de société revient à la pousser à nous battre demain à des jeux beaucoup moins innocents.  
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Sportifs : tous formatés ?

prael-jose-artur-disparition-de-lanimateur-journaliste-josc3a9-artur-c3a0-lc3a2ge-de-87-ansPENSÉE ATHLÉTIQUE | A l’heure de l’interview, les athlètes disent à peu près tous la même chose. Dans l’interview du Bund du 5 février 2016, le désormais nonagénaire pionnier du journalisme sportif Karl Erb critique le manque de personnalité des sportifs. En réactionnaire ? En visionnaire ? Loin de l’originalité d’antan, les sportifs sont aujourd’hui quasi tous les mêmes. Bien sûr, il arrivait, à l’époque, que les sportifs racontent des histoires abracadabrantes, ou bloquent complètement face au micro, comme la skieuse Marie-Theres Nadig, qui se contentait de timides « oui » et « non ». Mais qu’importe : « Ils étaient eux-mêmes. Ils avaient leur originalité, leur personnalité », se rappelle Karl Erb. « Aujourd’hui, tout est étudié, préparé, calculé. » Pas seulement du côté des sportifs, mais aussi chez les journalistes : « Toujours les mêmes questions, toujours les mêmes réponses, standardisées ». Jamais de véritable échange : « Il n’y a plus de dialogues », c’est l’ennui. Et même plus : « C’est horrible ! », se plaint Karl Erb. COMMENTAIRE : La mondialisation et marchandisation conduit tout un chacun à agir et à penser de la même manière. Dans les écoles de journalisme, les reporters sont formés à poser les mêmes questions ; dans les centres nationaux de performance, les jeunes pousses sportives à donner les mêmes réponses. Pour faire bonne figure, plaire, aux gens et aux annonceurs et autres sponsors ; quitte à n’exprimer que des banalités. PERSPECTIVE : Et si les journalistes et les athlètes, loin de toute fadeur, loin de suivre aveuglément les manières courantes de faire, s’arrêtaient un instant pour réfléchir et se demandaient QUI ils veulent être vraiment et COMMENT ils désirent s’inscrire dans le monde ? *
Karl Erb | Un pionnier Le connaisseur de sport et écrivain est né en 1926 à Belp. Suite à la deuxième guerre mondiale, il compte parmi les premiers journalistes sportifs à faire de leur passion leur profession. Dès 1953, il travaille comme chef de presse et speaker de manifestations sportives nationales et internationales (CM de foot 1954 à Berne, CE d’athlétisme 1954 à Berne, CM de ski 1974 à St-Moritz, etc). Entre 1961 et 1983, il commente le ski, la formule 1, l’athlétisme, l’équitation et le cyclisme à la TV. Il était membre du Comité olympique suisse et actif dans la Commission de sélection du Comité national du sport d’élite. Depuis 1993, Erb (aujourd’hui presque nonagénaire) vit au bord du Lac Majeur, d’où il suit le sport « avec grande attention et beaucoup de passion ».
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Journaliste ET spécialiste ?

Nelson MonfortPENSÉE ATHLÉTIQUE | La plupart des retransmissions sportives sont animées par un commentateur accompagné d’un consultant, dans le rôle du spécialiste. Dans l’interview du Bund du 5 février 2016, le désormais nonagénaire pionnier du journalisme sportif Karl Erb critique l’évolution quantitative du sport. Il se demande : le journaliste ne devrait-il pas lui-même être un spécialiste ? A l’époque, un seul journaliste était au commentaire. Aujourd’hui, comme les caméras et les chiffres, les reporters se multiplient. En cabine, ils sont toujours deux : un journaliste et un spécialiste, « qui volontiers se coupent la parole » sourit Karl Erb. Pourquoi ? « Parce que les rôles ne sont pas bien définis ». Erb n’a rien contre la présence d’un expert, ancien athlète qu’on interroge sur ses expériences, mais il souhaite que ces interventions ne se fassent pas pendant les moments cruciaux ! Ironique, il demande : « Ne peut-on pas attendre d’un journaliste sportif de métier qu’il soit lui-même un expert ? » Pour un match de foot : 30 caméras, deux reporters en cabine, un autre sur le terrain, et trois autres encore en studio, n’est-ce pas là pure démesure ? Et Erb de conclure : « Mais je suis peut-être juste trop vieux, le monde d’aujourd’hui veut apparemment cette démesure ». COMMENTAIRE : deux commentateurs valent mieux qu’un si l’un des deux est mauvais : soit qu’il n’y connaît rien, soit qu’il raconte n’importe quoi, qu’il a un ton, un timbre ou un rythme agaçant, soit encore qu’il multiplie les fautes d’observation, de contenus, de langue, etc. Qu’importe finalement qu’il s’agisse du journaliste ou du spécialiste… PERSEPECTIVE : si le journaliste et le spécialiste sont mauvais – ce qui arrive, aussi dans notre sport –, nous avons toujours la possibilité de changer de chaîne ou de couper le son. Ou alors d’abandonner notre appareil et aller voir l’événement en question sur place… * Karl Erb | Un pionnier Le connaisseur de sport et écrivain est né en 1926 à Belp. Suite à la deuxième guerre mondiale, il compte parmi les premiers journalistes sportifs à faire de leur passion leur profession. Dès 1953, il travaille comme chef de presse et speaker de manifestations sportives nationales et internationales (CM de foot 1954 à Berne, CE d’athlétisme 1954 à Berne, CM de ski 1974 à St-Moritz, etc). Entre 1961 et 1983, il commente le ski, la formule 1, l’athlétisme, l’équitation et le cyclisme à la TV. Il était membre du Comité olympique suisse et actif dans la Commission de sélection du Comité national du sport d’élite. Depuis 1993, Erb (aujourd’hui presque nonagénaire) vit au bord du Lac Majeur, d’où il suit le sport « avec grande attention et beaucoup de passion ».
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