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Pensées athlétiques

Naturalisme vs technicisme

natures-technicianSPÉCIAL DOPAGE 3 | Notre « vision naturaliste » des choses nous fait dire « oui » à la nature : à la pure et simple nature, non souillée, sans artifice. Dans cette perspective, nous considérons instinctivement le sport comme l’expression humaine la plus performante des forces naturelles. Cet article est le troisième de notre série consacrée au dopage. Retrouvez tous nos articles liés à ce thème dans notre dossier « Dopage ». Si nous aimons la pure et simple nature, nous ne sommes pas seulement imprégnés par sa vision, mais en même temps tributaires d’une autre conception des choses : non pas naturaliste, mais scientifique, techniciste. Prenons l’exemple de la médecine : elle ne vise plus seulement à aider, à soigner les gens (médecine thérapeutique), mais comporte tout un pan allant dans le sens de l’amélioration technique, chimique, des performances physiques et mentales (médecine dopante, qu’on appelle aussi « transhumaniste »). Commentaire : si nous avons tous au fond une vision naturaliste, nous sommes à la fois pris dans un courant techniciste, marqué par les transformations artificielles, en vue de l’amélioration de l’être humain et de ses performances. Alors que le monde entier fait usage de science et de technique pour augmenter ses possibilités, alors que tout un chacun utilise quantité de médicaments et autres méthodes pour être en meilleure santé, plus mobile, plus vif, plus beau, plus intelligent, vivre plus longtemps, plus heureux, etc., instinctivement, on considère le sport comme une bulle de pureté et de santé naturelle dans un monde artificialisé et technicisé. Perspectives : si on est par exemple aujourd’hui capable, grâce au progrès de la recherche scientifique, de modifier les cellules musculaires de patients dystrophiques, pourquoi n’utiliserait-on pas ces possibilités chez des personnes saines, qui vieillissent normalement, pour éviter le déclin de la fonction musculaire – notamment chez les sportifs, pour améliorer leurs performances ? Pour des raison éthiques – parce que l’Agence mondiale antidopage l’interdit : c'est là du dopage. Prochain épisode : « L’Agence mondiale antidopage : entre espoirs et échecs ».
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Qu’est-ce qu’au juste le dopage ?

DSC00167SPÉCIAL DOPAGE 2 | Pour ne pas se fourvoyer, la première chose à faire est toujours de s’entendre sur ce dont on parle. Voici quelques définitions courantes du mot « dopage ». Sens général donné par le Laboratoire Suisse d’Analyse du Dopage (LAD) : « Le dopage est la pratique consistant à absorber des substances ou à utiliser des actes médicaux afin d’augmenter artificiellement ses capacités physiques ou mentales. » Wikipédia : « Prendre à dessein des produits et/ou utiliser des actes médicaux afin d’augmenter les performances physiques et/ou mentales. » Larousse en ligne : « Fait d’administrer, d’inciter à l’usage, de faciliter l’utilisation, en vue d’une compétition sportive, de substances ou de procédés de nature à accroître artificiellement les capacités physiques d’une personne ou d’un animal, ou à masquer les emplois en vue d’un contrôle. » Commentaire : selon ces définitions, à bien y regarder, presque tous les sportifs sont… dopés – et donc des tricheurs. Simplement parce que les définitions courantes du dopage sont inscrites dans une « vision naturaliste » des choses. Vision où la nature, le naturel prime sur toute technique ; et où le sport a pour enjeu de découvrir l’excellence « naturelle » la plus pure, sans la moindre manipulation, sans le moindre artifice. Perspective : si, jusque dans les plus hautes instances sportives, tout le monde est au fond marqué par la « vision naturaliste » des choses, on vit pourtant en même temps dans un monde de plus en plus marqué par la science et la technique, bien loin de toute pureté naturelle. Attention : la définition de Wikipédia vient d’être modifiée : « Le dopage est la pratique consistant à absorber des substances ou à utiliser des actes médicaux définis par des organismes ad hoc < tel est l’ajout, que nous soulignons> afin d’augmenter les performances physiques […] et mentales […] d’un sportif. » Conformément à la définition plus précise du LAD (disponible ici), le dopage revient à l’utilisation de produits ou de méthodes interdits. Prochain épisode : « Naturalisme vs technicisme ».
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Profiter de la crise

SPÉCIAL DOPAGE 1 | L’athlétisme et le monde du sport sont en crise. Si le mot « crise » désigne couramment une période critique, grosse de tension, de difficultés, il signifie d’abord et avant tout, notamment en médecine, un « moment décisif », qui peut basculer dans un sens (la guérison) ou dans l’autre (la mort). Commentaire : aussi désagréable soit-elle, la crise a ceci de bon qu’elle appelle un changement, un dénouement. Qu’importe qu’il s’agisse de sport, de dopage, de corruption ou de toute autre chose, elle est une bonne occasion de lever la tête et de se mettre à réfléchir : chercher à comprendre ce qui se passe pour trouver de nouvelles voies, de nouvelles possibilités. Perspective : à bien y regarder, la crise dont est victime l’athlétisme – et le sport en général – dévoile un malaise bien plus large : celui de notre société toute entière qui, en manque de repères, avance la tête dans le guidon. Prochain épisode : « Qu’est-ce qu’au juste le dopage ? »
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Ça, c’est (une) vache !

Vache * Was für eine Kuh ! – (Video und Text auf Deutsch unten) * En Suisse, les vaches, ça nous connaît. Il n’y a pas une vraie carte postale, affiche publicitaire ou autre dépliant vantant notre beau pays qui ne présente, en gros, tout devant, ou dans un coin, en arrière-fond, le plus souvent dans un pré, avec de jolies fleurs champêtres, un de ces êtres à cornes, à pis et à cloche. Les vaches ? Des animaux un peu bébêtes certes, mais très utiles et à la base de notre alimentation, de notre économie, de nos traditions nationales. Les vaches que les paysans – ou plutôt les machines des paysans – traient, matin et soir. Les vaches qu’on mène, l’été, à l’alpage, respirer l’air pur des montagnes et manger l’herbe d’altitude. Les vaches qui, enfin, entre les deux, aiment bien regarder passer les trains en ruminant.n Suisse, les vaches, ça nous connaît. * Ça c'est (une) vache ! par Michysos * Il n’y a pas une vraie carte postale, affiche publicitaire ou autre dépliant vantant notre beau pays qui ne présente, en gros, tout devant, ou dans un coin, en arrière-fond, le plus souvent dans un pré, avec de jolies fleurs champêtres, un de ces êtres à cornes, à pis et à cloche. Bref, les vaches, en Suisse, ça nous connaît. Mais qui aurait pensé qu’on allait en faire entrer une dans le stade des Championnats d’Europe d’athlétisme à Zurich ? On a évidemment dû d’abord la préparer. Impossible de la laisser gambader comme ça, les mamelles à l’air. Il a fallu lui coudre et lui faire enfiler un short et un t-shirt dignes de ce nom. Impossible aussi de lui laisser lever la queue à tout moment ; on l’a lui a donc cachée. Difficile encore qu’elle garde sa cloche : trop de risques qu’elle la fasse sonner en plein départ du 100 m. Pour le gazon, là, pas de soucis. Au vu des litres de désherbant qu’on y a versé, aucune chance qu’elle soit tentée … Bien sûr elle a d’abord dû être dressée : apprendre à lever les bras, à applaudir, danser en rythme, sauter, aller vers les gens, se laisser photographier. Ni trop, ni trop peu, juste comme il faut. Comme on le lui a enseigné çà et là, pendant des années, lors de toutes les plus importantes manifestations d’athlétisme en Suisse. Plutôt vache, comme travail ! Tout fan d’athlétisme sera toutefois d’accord : elle accomplit sa tâche à merveille. Elle apporte le sourire à ceux qui la voient courir à droite, à gauche, en arrière, en avant ; qui la voient sauter, danser, et faire toutes sortes de mimiques. Elle empêche que les spectateurs s’endorment ou s’enrhument en les faisant applaudir, crier, se lever, bouger les bras. Elle câline les plus petits, embrasse les vainqueurs, réconforte les perdants. Toujours tout sourire et sans broncher. Ah, les vaches suisses, c’est quand même quelque chose ! Mais qui pense à elle, quand, une fois les compétitions finies, les spectateurs partis, les projecteurs éteints, elle rentre à l’étable, enlève et plie tristement son costume, raccroche sa cloche autour du cou, aère ses tétines et se repose quelques heures ? * Nos travaux vous intéressent ? N'hésitez pas à vous inscrire à notre Newsletter bimensuelle ! * Was für eine Kuh ! In der Schweiz gehören Kühe einfach dazu. Es gibt keine richtige Schweizer Postkarte, kein Werbeplakat und keine sonstige Reklame, die unser schönes Land rühmt, auf der nicht irgendwo ein solches Tier mit Hörnern, Euter und Glocke zu sehen ist. Ganz zuvorderst, in einer Ecke oder im Hintergrund, meistens auf einer saftigen Wiese. Video auf Deutsch:

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Was für eine Kuh ! par Michysos

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Gewiss sind sie ein bisschen doof, diese Kühe. Grundsätzlich sind sie aber sehr nützlich: Die Basis unserer Ernährung, Wirtschaft und nationalen Traditionen. Morgens und abends werden sie von den Bauern – besser gesagt den Maschinen der Bauern  –  gemelkt. Im Sommer atmen sie die frische Bergluft und fressen das hohe Gras. Und mögen es, kauend, den Zügen hinterher zu schauen.

Kurz gesagt: In der Schweiz gehören Kühe einfach dazu. Wer hätte aber gedacht, dass bei den Leichtathletik-Europameisterschaften in Zürich auch eine ins Stadion geschickt wird?

Selbstverständlich musste man sie zuerst vorbereiten. Es wäre doch unvorstellbar gewesen, sie einfach so, mit nacktem Euter, im Letzigrund herumspringen zu lassen! Man musste ihr also Kleider nähen. Es wäre auch unmöglich gewesen, dass sie immer wieder ihren Schwanz hebt. Also wurde der versteckt. Schwierig auch, dass sie ihre Glocke behält. Das Risiko wäre zu gross gewesen, dass sie den 100-m-Start stört. Um den Rasen machte man sich aber keine Sorgen. Der wurde so stark mit Unkrautvernichtungsmittel bespritzt, dass sie ganz sicher nicht daran knabbern würde...

Natürlich musste sie zuerst dressiert werden. Sie musste lernen, die Arme zu heben, zu applaudieren, im Rhythmus zu tanzen, zu springen, auf die Leute zuzugehen und sich fotografieren zu lassen. Nicht zu oft und nicht zu selten, gerade so wie es passt. All dies wurde ihr während Jahren an den wichtigsten Leichtathletikanlässen der Schweiz eingetrichtert. Nicht nur eine «kuuuhle» Arbeit!

Jeder Leichtathletikfan wird einverstanden sein: Im Stadion erfüllt sie ihre Aufgabe grossartig. Indem sie herumrennt, springt, tanzt und gestikuliert, bringt sie die Leute zum Strahlen. Sie bringt sie auch zum Klatschen, Schreien, Aufstehen, ihre Arme zu bewegen. Sie hält sie davon ab, einzuschlafen oder einen Schnupfen zu kriegen. Sie hätschelt die Kleinsten, umarmt die Sieger, muntert die Verlierer auf. Immer lächelnd und ohne zu murren. Kein Zweifel: Die Schweizer Kühe, die sind Klasse!

Aber wer denkt noch an sie, nach dem Abschluss der Wettkämpfe, dem Ausschalten der Scheinwerfer, wenn sie in ihren Stall zurückkehrt, wenn sie traurig ihr Kostüm auszieht, ihre Glocke wieder anzieht, ihre Euter auslüftet und versucht, sich eine Weile zu erholen?

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L’athlétisme – ensemble

L'athlétisme - ensemble «LEICHTATHLETIK ZUSAMMEN». Deutsches Video unten! *  JE NE SAIS PAS CE QUE VOUS AVEZ FAIT, vous, les vendredi 7 et dimanche 9 mars derniers. Moi, j’ai regardé la télévision. Avec des gens que j’aime bien et qui, comme moi, aiment la vie, et donc le sport, et donc en particulier... l’athlétisme. Oui, ce week-end-là, il y avait pour un fois de l’athlétisme à la TV. Sur Eurosport. Les Championnats du monde en salle à Sopot (POL). Alors nous, on s’est rassemblé devant le petit écran, pour ne pas manquer ça. En fait surtout pour regarder quelqu’un qu’on aime bien. Une fille. Une Suissesse. Une coureuse de 800 m. Des CS aux CM La dernière fois qu’on l’avait vue, c’était aux CS en salle. Et ça avait déjà été pas mal. D’abord en séries, où elle est partie toute seule, loin devant les autres, dans une salle surchauffée, totalement acquise à sa cause. Pour finir en 2’03"52 ! Puis, tout aussi impressionnant, le lendemain, en finale, où elle s'est contenté de suivre dans les trois premiers tours, avant de laisser littéralement tout le monde sur place dans le dernier. * Deutsches Video : * Leichtathletik zusammen par Michysos * Vidéo en français : * L'athlétisme - ensemble par Michysos * Alors, forcément, deux semaines plus tard, nous, on était tout excités de la voir de nouveau. Non plus aux CS, mais cette fois aux CM. Pour essayer de décrocher une des six places qualificatives pour la finale. Autant dire que la tâche s’annonçait très compliquée… Mais nous, on y croyait. Parce qu’on l’aime bien, et qu’on la connait et qu'on sait qu'elle a du coeur. D’abord les séries… Et on avait bien raison. Vendredi, en séries, elle a même fait mieux que ce que personne n’aurait jamais pu imaginer. Vraiment. Elle a fait une course parfaite, juste parfaite : toute de relâchement, de placement, d’intelligence, et finalement de force. Pour finir, dans la joie, devant la Tchèque, la Russe, souffler l’Américaine dans les derniers mètres et… gagner la course ! C'était dingue ! Nous, on s’est retrouvé debout, à se taper la tête des mains. Avant d’ouvrir une bouteille de champagne*, pour fêter ça comme il se doit. … puis la finale Bien sûr, dimanche, en finale, on était de nouveau là. On ne voulait manquer ça sous aucun prétexte : la finale des Championnats du monde ! Avec notre copine au départ. Bon, bien sûr, ça ne pouvait pas se passer aussi bien que vendredi. D’ailleurs, ça aurait quand même été exagéré qu’elle fasse une médaille, non ? Bref, après une course de dingue, excellente, mais avec moins de relâchement, de placement, d’intelligence tactique, et finalement de force, elle a fini… quatrième. Juste pas devant l’Américaine et deux autres, mais quand même devant la Tchèque et l’Ukrainienne qui a eu la bonne idée de s’emmêler les pinceaux juste avant la ligne d'arrivée. C’était juste wouah ! L’athlétisme, ensemble Nous, si on aime l’athlétisme, c’est surtout pour ça : se rassembler, vibrer, s’enthousiasmer ensemble, avec et pour les gens qu’on aime. Sans arrogance, sans bling-bling. Qu’importe l’âge ou le niveau. Du plus petit meeting aux plus grands championnats, du monde, en salle, bien sûr, mais aussi… d’Europe, en plein air ! *** * Vous pouvez commander le champagne et toute la gamme des vins PHUSIS (infos ici) en envoyant un mail à steve.bettschen@phusis.ch ou par téléphone au 079 482 32 01 ou 021 646 52 43.
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Equilibre des forces

Gleichgewicht « GLEICHGEWICHT DER KRÄFTE ». Deutsches Video unten ! PRIS QU'ON EST PAR NOS PETITES AFFAIRES, on a souvent tendance à oublier que la vie est un jeu. Que tout ce qu’on vit est le fruit d’une lutte, d’une tension – pas toujours très drôle – entre deux types de forces qui nous travaillent en même temps. D’une part celles qui nous poussent à apparaître, à sortir de l’obscurité pour grandir, produire, briller, dominer, jubiler ; d’autre part celles qui nous conduisent au retrait, au déclin, à l’assombrissement, la destruction et finalement la disparition.
Toute la vie est organisée et rythmée par ces forces qui jouent ensemble, les unes avec et contre les autres. Et pour nous, pour chacun d’entre nous, l’enjeu est de parvenir à y trouver un équilibre. Pour ne se faire démolir ni par la survalorisation de soi-même, son envie de triompher, d’être en tête d’affiche ; ni par sa propre dépréciation, qui mène à déprimer et vouloir disparaître. Deutsches Video : * Gleichgewicht der Kräfte par Michysos * Vidéo en français : * Equilibre des forces par Michysos * Prenons l’exemple de la musculation. En musculation, tout le monde sait qu’il faut toujours travailler et les agonistes et les antagonistes ; bosser tant les extenseurs que les fléchisseurs, les forces qui permettent d’aller, de pousser et de relâcher que celles qui permettent de venir, de tirer et de résister. Les biceps et les triceps, les abdos et les dorsaux, les quadris et les ischios, etc. Dans la vie, c’est exactement la même chose. Dans la vie, il faut s’occuper tant des forces qui poussent vers le haut, qui stimulent vers la lumière, la brillance, la puissance, la légèreté, la joie, la fête ; que de celles, sombres, qui tirent vers le bas, qui plombent, qui engendrent la fatigue, la lourdeur, la tristesse, et finalement la disparition dans la mort. Tout l’enjeu de la vie est là, dans le bon équilibre du jeu des forces. Dans le fait de savoir accompagner productivement les forces qui élèvent, mais sans les survaloriser ; et dans le fait de savoir résister comme il faut à celles qui plombent, non pas pour les étouffer, les écraser, mais pour apprendre à les surmonter. En musculation, comme dans la vie, si on ne s’occupe pas des deux forces qui jouent de pair, si on exagère avec l’une ou l’autre, on crée une dysbalance. Et on met par là en péril la bonne constitution et harmonie du tout. On provoque un déséquilibre, qui nous conduit, sinon à la blessure et à l’agonie, à la triche et à la perversion du jeu.  
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« Je n’ai pas encore réalisé »

Réaliser« ICH HABE ES NOCH NICHT REALISIERT ». Auch in deutscher Video-Form ! VOUS L'AVEZ CERTAINEMENT DÉJÀ REMARQUÉ : les grands champions, après avoir réalisé quelque chose d’extraordinaire, disent presque toujours, à l’interview : « Je n’ai pas encore réalisé ce qui m’arrive ». Eh bien, bonne nouvelle : PHUSIS a expérimenté, médité et compris le problème pour vous.
Il y en a qui, dans la vie, ont pour but de trouver une copine ou un copain, de devenir riche, d’acheter une maison, une bagnole, ou encore de fonder une famille. Moi, tout ça, à l’époque, je m’en fichais. Mon but, mon rêve à moi, c’était de devenir… champion suisse. C’est pour ça que je vivais… Il y a quelques années, quand j’étais encore U18, en fin de saison, mon sport préféré, l’athlétisme, est soudain devenu génial : aux CS U18, alors que je n’étais pas vraiment favori, j’ai tout à coup réussi à gagner. C’était juste waouhhh !!! Personne ne s’y attendait – et hop : j’ai fini tout devant ! * Video auf Deutsch : * Vidéo en français : * Et ça a changé ma vie. Juste après, plein de gens sont venus me taper sur l’épaule. Tout le monde s’est intéressé à moi. Les filles, les garçons ; et même les vieux. C’était juste dingue ! Alors que, jusque là, j’avais l’impression de ne pas exister, voilà que tout le monde me regardait, m’admirait, me trouvait même beau, m’aimait. Conclusion : je me suis entraîné comme un forcené pour faire encore mieux. J’ai voulu devenir champion suisse élite. Finir tout devant aux « vrais » CS, avec tout le bazar : le public, l’écran géant, le super son, la musique, la tension, le speaker, le podium… Triompher là, c’est le grand rêve ! Eh bien, vous ne savez pas quoi ? Je l’ai fait. Oui, je l’ai fait. Tout s’est passé exactement comme je l’espérais et imaginais. Le film qui s’était déroulé mille fois dans ma tête s’est rejoué encore une fois, exactement de la même manière, cette fois dans la réalité. Et j’ai gagné. Et je suis devenu champion suisse élite. Et vous savez quoi ? C’est con, mais ça ne m’a pas fait grand-chose : pas plus que quand je l’imaginais. Oui, tout s’est passé comme dans mon rêve. C’était ni mieux, ni moins bien, sans surprise, exactement la même chose. Et voilà que, comme les grands champions, je n’ai pas réussi à « réaliser »… Depuis, j’ai médité et fini par comprendre le problème. Quand on passe son temps à vouloir réaliser son rêve – dans n’importe quel domaine d’ailleurs : professionnel, amoureux, ou je ne sais quoi encore –, quand on est guidé par une idée qu’on veut à tout prix réaliser, on finit par oublier de sentir les choses ; on finit par oublier d’expérimenter et de vivre sa vie.  
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