Le monde de l’athlétisme est fait de gens de toutes sortes. Chacun avec sa vision, son style, ses manières. Au plus haut niveau, il y va de connaissance de soi – et d’exemplarité.
Il y en a qui se donnent à fond, qui s’agitent à tout va, d’autres bombent le torse et sont prêts à tout pour triompher. D’autres se contentent d’espérer la victoire.
Le haut niveau, c’est autre chose
Mais voici ce que nous montrent les meilleurs : pour réussir, il n’y a qu’une chose qui compte, c’est apprendre à se connaître. Selon la vieille devise delphique du « connais-toi toi-même ! » doublée de cette autre, non moins importante, du « rien de trop », la juste mesure. Jusqu’à gagner des médailles, cantonales, nationales, européennes et même… mondiales.
Les athlètes l’expérimentent dans leur chair : pousser comme des sourds, s’agiter comme des fous, rouler les mécaniques, faire semblant, ou juste espérer la victoire ne sert à rien. Ce qu’il faut, c’est sentir les choses, comment elles se passent, dans le corps, la tête, les muscles, les organes, à l’entraînement, en compétition, dans la vie de tous les jours. Apprendre à agir et réagir toujours mieux, toujours plus vite, de manière toujours plus fine et efficace.
Se dominer soi-même
Le haut niveau, c’est se connaître soi-même, repérer toujours plus tôt les problèmes, les difficultés, mieux les cerner, les anticiper – et les surmonter toujours plus rapidement. La plupart croit que le haut niveau, c’est dominer les autres, c’est faux. Le haut niveau, c’est la maîtrise de soi-même. Ne pas s’illusionner, ne pas se survaloriser. S’expérimenter, se façonner, s’exprimer, toujours mieux, comme partie du tout. Tous les grands athlètes, tous les grands hommes le montrent.
Apprendre à se connaître revient à se plonger dans soi-même, ses sensations, ses tensions, ses souffrances, ses peurs, ses plaisirs, pour mieux se connecter aux forces qui nous dépassent, les laisser jaillir et faire jubiler. Les mêmes puissances qui traversent les animaux, les plantes, le ciel, les montagnes, les mers, les volcans…
Devenir exemplaire
Ces forces surabondantes, si on les appréhende comme il faut, avec sensibilité et intelligence – juste mesure –, permettent d’élever son niveau de manière prodigieuse. Qu’importe la discipline, la fonction, l’âge, le sexe : ces forces, si on les accompagne bien, nous portent loin au-dessus de nous-mêmes – et nous rendent exemplaires.
Pensée athlétique publiée dans le Swiss Athletics Magazine numéro 55 de juin 2022.