« On est de l’autre côté de la montagne », a annoncé il y a une semaine lors d’une conférence de presse le porte-parole de l’OFSP Daniel Koch. Non sans craindre une remontée des chiffres. Pour le moment, les choses se présentent bien, la tendance est bonne, mais « il doit être clair pour tout le monde qu’il s’agit maintenant de tenir bon », poursuit Koch.
Il y a toujours plusieurs dizaines de décès par jour. « Il ne faut en aucune façon sous-estimer la maladie », poursuit Koch, en avançant ce qu’il n’avait guère fait auparavant : que les personnes de grand âge sont particulièrement à risque, et que les jeunes séniors ne sont pas non plus sans garantie de ne pas tomber gravement malades des suites du virus. Le mot d’ordre est simple : tout le monde doit continuer à se donner de la peine pour parvenir à revenir à une situation normale.
Dommages économiques sous-estimés
Depuis la mi-mars, la situation économique s’est détériorée bien plus fortement qu’escompté au début de la crise du coronavirus. Selon Eric Scheidegger, Chef de la Direction de la politique économiquedu SECO, on a perdu un quart de la productivité.
Dans diverses branches telles l’hospitalité, la perte est de plus de 80%, dans les domaines du commerce et du transport, 50 à 60% de la productivité a été perdue, explique Scheidegger lors de la même conférence de presse. La récession sera assurément plus lourde que prévue mi-mars. Le produit intérieur brut va baisser de 7 à 10%.
Engagement militaire exagéré
Du côté de l’armée, seule une partie des 5000 militaires convoqués pour lutter contre le Covid-19 a effectivement pu être engagée sur le terrain. Le brigadier Raynald Droz s’en défend en rappelant qu’il y a six semaines, alors que la vague arrivait en Suisse depuis l’Italie du Nord, on n’avait encore aucune idée comment les choses allaient se passer : « On n’avait pas de temps ni de choix ». Raison pour laquelle le maximum a été fait. Dès la semaine prochaine, l’équilibre entre ressources et besoin sera revu.
Dommages collatéraux potentiellement immenses
Si les économistes s’inquiètent et que les services publics s’adaptent, on ne parle pour l’instant guère des dommages collatéraux, cachés, provoqués par la crise sanitaire. La question des troubles psychiques, relationnels, moraux ne sont pas (encore) d’actualité. Les conséquences des mesures liées au coronavirus sur notre rapport à nous-mêmes, à nos proches, aux gens ainsi qu’à la santé, à la maladie, à la vie, à la mort ne sont pas (encore) à l’ordre du jour.
On ne se prononce pour l’heure pas davantage sur la possibilité qu’on se soit laissé entraîner dans une psychose et un fourvoiement collectifs : qu’on ait écouté les mauvais spécialistes et par suite surestimé la dangerosité du virus et misé sur les mauvaises mesures. Pas encore, mais ça risque de venir…