
Philosophe et sinologue de formation, François Jullien est l’auteur de nombreux livres, sur la Chine d’abord, puis sur notre tradition à partir de la pensée chinoise. Un de ses derniers ouvrages, peut-être le meilleur, s’intitule Les transformations silencieuses. Il est publié chez Grasset en 2009 et – bonne nouvelle – vient de sortir en poche.
Le travail de Jullien consiste à réinterroger notre tradition à partir de la pensée chinoise. En faisant le détour de la Chine traditionnelle, il parvient à découvrir et valoriser de nouvelles possibilités de pensée pour l’Europe, depuis Platon prisonnière du dualisme métaphysique (théorie/pratique, modélisation/réalisation, fin/moyen, intelligible/sensible, etc. ).
Le détour par la Chine lui permet de dépasser la réification ou essentialisation qui triomphe dans nos sciences humaines. Il brise le moule de la pensée paresseuse, faible, s’affranchit de la rhétorique de l’universalisme facile et de son envers : le culturalisme paresseux et l’humanisme mou.
En déconstruisant la tradition occidentale par le dehors, Jullien découvre et interroge notre impensé. Il ouvre un écart de pensée, ressource notre pensée. L’enjeu philosophique et idéologique est majeur : il s’agit de lutter contre l’effet d’uniformisation de la pensée portée par nos seuls concepts traditionnels (de vérité, de temps, de nature, de liberté, etc.), incapables de dire autre chose que notre propre culture et vision du monde.
La vidéo ci-dessous a été enregistrée à Marseille en 2008, dans le cadre d’un colloque de l’Association Centrale Marseille ALUMNI, devant un parterre d’ingénieurs et d’hommes d’affaires. La présentation de François Jullien, conférence inaugurale, réfléchit sur la question de l’efficacité, en Chine et en Europe. Elle s’intitule : « Orient-Occident : deux façons de penser l’efficacité. »
Comme la plupart des présentations de ce genre, la mise en scène est aussi peu sexy que le ton est ennuyeux, voire pompeux. Mais attention, ça vaut la peine de s’accrocher : le contenu est passionnant, pour ne pas dire capital : porte ouverte vers des nouvelles aventures phusiques !
Notre différence d’avec François Jullien ? Il puise en Chine ce que nous trouvons dans la Grèce archaïque redécouverte par Nietzsche.
C’est vrai que la conférence n’est pas vraiment sexy, mais son contenu est très impressionnant. La manière de la présenter aussi d’ailleurs. Ce qu’il nous offre, comme ça, mine de rien, quasi sans notes, en quelques 40 minutes, est énorme.
Et si, pour sortir du tunnel, l’Occident faisait de cette conférence la conférence de chevet de toute personne engagée dans le monde ? Pour une nouvelle sociologie, une nouvelle anthropologie, une nouvelle politique, un nouvel humanisme, un nouveau rapport au monde.
=)Wahouu! Il est vraiment fort.. Et pétillant. Et c’est pas vraiment pompeux en fait, ni ennuyeux, même très agréable à regarder. Et ce qu’il a à dire.. J’en prendrais encore! C’est fou.
En effet. T’en veux encore ? Pas de problème : il a écrit plein de livres, qu’on trouve dans toutes les bonnes librairies – et aussi dans ma bibliothèque…