CHRONIQUE PHUSIQUE | 18 mai 2010
« C’EST LĂ€ UN ÉTAT DE CHOSE EN VÉRITÉ FORT CURIEUX : tandis que toutes les autres formes de crĂ©ation artistique – littĂ©rature, peinture, cinĂ©ma – fleurissent comme jamais auparavant, le plus grand mĂ©dium crĂ©atif de toutes, la Femme, a Ă©tĂ© totalement exclu du champ de l’imagination et rĂ©duit Ă une sorte de sordide rĂ©alitĂ©. […]
Sans doute les femmes en sont-elles partiellement responsables, quand elles se sont lancées dans le plus autodestructeur des combats, la lutte pour les mêmes droits et la même place que les hommes. Un des plus étranges aspects de l’histoire sociale moderne est que ce ne sont pas les hommes qui, par la forme, ont traîtreusement imposé l’égalité aux femmes. Ce sont les femmes elles-mêmes, à commencer par les suffragettes, qui ont combattu des années durant pour abandonner leur position de déesse et sombrer au niveau de leurs anciens esclaves. Aucun homme civilisé n’a jamais considéré une femme comme son égal […].
Oui, c’est largement la faute des femmes. Avec trente ans de légendes et de poésies derrière elles, les voici qui s’abaissent soudain à devenir nos égales. […]
J’implore ici mes compères de voler à la rescousse de notre foi séculaire dans la supériorité des femmes. Maintenue à leur place, dis-je, elles ne savaient pas ce qui est bon pour elles. Elles tombent dans le plus affreux des pièges, le piège de la démocratie. Tout cela n’est que propagande. Disons-leur qu’elles sont encore ce qu’elles ont toujours été : des créatures poétiques, mi-réelles, mi-imaginaires, qui pourvoient aux désirs ardents de nos âmes, qui ne peuvent descendre sur terre que brièvement, faire la cuisine ou la lessive, assumer leur part du budget familial. On peut plaider que les femmes ne sauraient tenir cette position, et être tout à la fois nos déesses et nos soutiens de famille ; mais c’est l’un de ces morceaux typiques de logique masculine que l’autre sexe doit éviter car ce genre d’approche ne pourrait que les priver de leur supériorité. Vouloir, c’est pouvoir. »
Romain Gary, L’affaire homme, « Crépuscule de la déesse ? », 1965.
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Ce que vous dites est très dĂ©rangeant, mais hĂ©las pas tout faux…
PS: J’aime bien votre site. Je le trouve très intĂ©ressant! Continuez comme ça !
On fait son (im)possible…
Bravo, on voit bien que le site commence à être au forme 🙂
Je suis d’accord que le principe d’interdiction du burka est assez paradoxal: on limite la libertĂ© (de choix de vĂŞtement: pour ceux qui portent la burka volontairement) pour prĂ©server la libertĂ© (de choix de vĂŞtement: pour ceux qui ne le font pas). Quelle libertĂ© est la plus importante, ça reste une question.
Oui, la question de la libertĂ©… Encore un concept Ă nous. Un concept occidental. Très abstrait.
C’est quoi la libertĂ© ? Le fait de se lever tous les matins de très bonne heure, s’habiller comme on veut, aller accomplir un travail dĂ©bilitant, s’enfiler un truc dĂ©gueulasse (qui ne fait pas grossir) Ă midi et rentrer le soir pour se divertir ? Ou est-ce faire ce qu’on veut quand on veut – comme on le fait le week-end, quitte Ă dĂ©gĂ©nĂ©rer en stupide animal capable de manipuler des machines?
Moi, ce qui m’inquiète avec la polĂ©mique autour de la burka, c’est qu’elle rĂ©veille des pulsions de fermeture et de repli. Alors justement qu’on parle de tolĂ©rance, d’ouverture, de libertĂ©, etc. De quel droit allons-nous dire aux Musulman(e)s comment ils doivent s’habiller, comment ils doivent vivre, comment ils doivent penser ? Pourquoi notre vision du monde serait-elle meilleure que la leur ? En quoi ça nous dĂ©range d’avoir une dizaine de femmes voilĂ©es en Suisse ?
Hahaha il m’a fallu 6minutes pour me remettre de te voir comme ça vĂ©nère!=)
Sinon c’est très bien et surtout très parlant, dur de ne pas t’Ă©couter une fois que la vidĂ©o a commencĂ©.
Mais les hommes eux c’est normal qu’ils soient pragmatiques et sans mystère alors!!?