Observons pendant 20 secondes ce que fait notre regard. Regardons autour de nous et prenons garde à ce qui se passe.
Article composé en avril 2016.
Quand on regarde, comme ça, autour de nous, on déplace trois-quatre fois par seconde le regard, en saccades, çà et là, très vite. A vrai dire sans vraiment arriver à suivre ce qui se passe. C’est frappant : même en s’appliquant, on n’arrive quasi pas à décider des déplacements de notre regard. La plupart du temps, le cerveau guide lui-même les mouvements, où il veut, comme il veut.
Cet état de fait montre qu’il existe des forces inconscientes qui orientent notre regard. Et voilà que nos yeux partent automatiquement vers un visage, un objet, une publicité, une couleur, un mouvement, etc. Une étonnante dynamique régit les déplacements du regard, de l’attention, de la focalisation. Dynamique dont on est bien moins acteurs que spectateurs.
Même si on a l’impression de diriger notre regard sur ce qu’on veut, on reste spectateurs. Comme en retard sur ce qui se joue au fond de nous, dans notre inconscient. S’en rendre compte est un premier pas en direction de l’introspection, démarche d’exploration de sa propre attention, de sa propre personne, des mystérieuses forces qui, à chaque instant, orientent notre attention et cherchent à guider notre vie en direction de buts qui dépassent notre petite volonté consciente.
C’est une des grandes leçons des neurosciences cognitives : avoir démontré la part d’automatismes et d’automatisation de nos comportements. Alors qu’on avait l’habitude de l’associer aux simples réflexes (quand on me tape sur le genou, ma jambe se lève), notre difficulté de choisir nos actions s’avère découler de toute une panoplie d’automatismes inconscients, tant naturels, actifs et intrinsèques qu’artificiels, réactifs et imposés de l’extérieur. Tous conditionnent l’essentiel de nos comportements et par suite de notre existence.
En commençant à s’intéresser à ces forces, à les distinguer, les cerner, les identifier, les comprendre, on se trouve progressivement en mesure, non pas de les contrôler – ce qui est impossible –, mais de développer une certaine capacité à les anticiper, les maîtriser et les accompagner comme il faut, productivement.
Un beau projet de recherche de l’équilibre intentionnel, entre maîtrise excessive, analyse froide (qui conduit au gel, puis à la révolte) et laisser-aller outré (qui mène à la barbarie et à la dissolution dans l’indifférence).
L’article vous a intéressé ? Celui intitulé Nous comprendre ?! vous parlera d’autant plus.