samainIL Y A QUELQUES ANNÉES, seuls les enfants amĂ©ricains se dĂ©guisaient en squelettes, sorciĂšres et autres monstres le soir du 31 octobre pour aller sonner aux portes et quĂ©mander des « candies et sweeties », bref des cochonneries sucrĂ©es.

Depuis, l’affaire s’est gĂ©nĂ©ralisĂ©e, Ă  croire que le monde entier devient AmĂ©ricain
 Oui, aprĂšs les fournitures scolaire, et avant les biscuits de NoĂ«l, les supermarchĂ©s sont envahis de bonbons en forme de citrouilles grimaçantes, de masques et autres costumes morbides. Et ce soir, tous les enfants du monde seront amenĂ©s Ă  sonner aux portes pour rĂ©clamer des « candies et sweeties ». Nouvelle tendance qui s’appelle « Halloween ».

*

*

Hallo qui ? Ween ? Vous n’y ĂȘtes pas du tout : Halloween n’a rien Ă  voir avec un dĂ©nommĂ© Ween et n’est pas du tout une nouveautĂ©. Halloween, c’est une vieille fĂȘte paĂŻenne, mise Ă  la sauce anglo-amĂ©ricaine


Halloween, c’est la contraction de « All Hallows Eve », c’est-Ă -dire « The Eve of All Saints’ Day », en français la Veille du jour de la Toussaint, fĂȘte chrĂ©tienne qui commĂ©more les saints.

Halloween est le rĂ©sidu nihiliste de la fĂȘte celtique de Samain, dĂ©esse des ombres et de la mort. FĂȘte paĂŻenne, pour ainsi dire dionysiaque, qui marque l’entrĂ©e dans les « mois noirs, sombres et froids » de l’hiver, le dĂ©but d’une nouvelle gestation : l’indispensable plongeon dans l’obscuritĂ© et les profondeurs cachĂ©es nĂ©cessaires Ă  tout retour Ă  la surface et Ă  la lumiĂšre. Alors que, en rĂ©action, les chrĂ©tiens cĂ©lĂšbrent leurs saints et leurs morts au paradis ; les paĂŻens cherchent Ă  amadouer les esprits de l’ombre par des grands feux et des offrandes – et non des priĂšres ou des bonbons.

La fĂȘte de Samain cĂ©lĂšbre la rĂ©union entre les mondes : entre celui, visible, des vivants, et celui, invisible, des morts, des dieux, et de toutes les forces cachĂ©es qui peuplent l’univers. Cette nuit-lĂ , la nuit de Samain, ce soir, le temps et l’espace se trouvent mystĂ©rieusement abolis : les mondes communiquent entre eux et les hommes peuvent frĂ©quenter les ombres et la mort, s’en nourrir et s’en renforcer ; y trouver la puissance nĂ©cessaire pour mieux Ă©clore au printemps.

Vous l’avez compris : « Halloween » en est le rĂ©sidu nihiliste : une fĂȘte vidĂ©e de son contenu, devenue superficielle et infantilisĂ©e, qui instrumentalise Ă  des fins purement commerciales les indispensables forces obscures.

2 Comments

  1. Totalement en accord avec vous concernant la « rĂ©ification » de Samain aujourd’hui. À la base fĂȘte symbolique du triomphe sur ses propres peurs, sur ses propres zones d’ombre, en se les appropriant comme vous l’Ă©criviez, afin de mieux revenir Ă  la lumiĂšre ensuite. Passons sur le « rackettage » de bonbons (remarquez, vaut mieux des petits morts-vivants rĂ©clamant des bonbons que des cerveaux… quoique, parfois manger un cerveau ne ferait pas de mal Ă  certains… ou des vertus du cannibalisme… 😀 ), car en revanche les dĂ©guisements et les masques de crĂ©atures d’outre-tombe permettent justement d’incarner les forces obscures et mystĂ©rieuses qui nous effraient autant qu’elles font partie de nous. Et c’est ça qu’est bon, c’est ça qu’est revigorant, et c’est ça qu’on fait qu’on se sent Vivant. Ça fait pas de mal de changer de peau parfois, et de se dĂ©barrasser de nos accoutrements bourgeois.

    Il faudrait retrouver le vrai sens d’Halloween, et quid de la nuit du Walpurgis 😀 ? On pourrait aussi mettre en scĂšne des danses macabres…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.