Quand on parle, on allie des mots, les uns après les autres, à raison de trois-quatre par seconde, selon son degré de volubilité. Mais, quel que soit son flux, on est loin de les choisir tous. La plupart des tournures, des formules, des tonalités ne sont pas choisies par nous, mais par… notre cerveau : c’est lui qui les sélectionne.
Comment ? En les puisant dans un mystĂ©rieux fond inconscient, prĂ©alablement formĂ©, prĂ©parĂ©, creusĂ©, cultivĂ©, voire formatĂ© par l’entourage, l’éducation, le travail, l’information, le divertissement, la publicitĂ©.
C’est de ce fond que notre cerveau les fait jaillir, Ă sa guise, comme bon lui semble. Sur le moment, quand on parle, tout ce qu’on peut faire, c’est constater que c’est Ă peu près ce qu’on veut dire qui sort de notre bouche.
Si on a été bien éduqué, si on s’est bien formé, bien exercé, si on a bien creusé, nourri, cultivé notre fond, ce dernier fait office de prodigieuse ressource : nos mots, nos tournures, nos tonalités sont riches. Loin d’ânonner des bêtises, des banalités, de ne faire qu’échanger des informations, des opinions, nous voilà en mesure d’exprimer des vérités, de dévoiler des mondes, de faire émerger des délicieuses subtilités cachées, et finalement de chanter et faire chanter le monde et la vie.
Est-ce qu’on pourrait considĂ©rer disons la sĂ©duction comme la source Ă l’origine du langage (oral, peut-ĂŞtre)?
La sĂ©duction ? Je ne vois pas le rapport avec le schmilblick : Ă savoir que les mots jaillissent la plupart du temps d’un fond inconscient qui, sur le moment, nous dĂ©passe. Fond (ou fonds) qui peut ĂŞtre cultivĂ© de l’intĂ©rieur ou formatĂ© de l’extĂ©rieur. Il n’est nullement question de l’acte dĂ©libĂ©rĂ© qu’est la sĂ©duction.