Lieu de rencontres

 

phusis : lieu de rencontres entre un vigneron et un philosophe-artiste

PHUSIS est le lieu de rencontre entre le philosophe-animateur Michel Herren, le vigneron Steve Bettschen et de nombreux amis de divers domaines.

PHUSIS est un mouvement philosophique, une gamme de vins et toute une série d’activités hors des sentiers battus : une lutte pour la sensibilité, le bon sens, le bon goût, une porte ouverte sur de nouvelles possibilités d’existence.

Avec Héraclite : « Comprendre est la plus grande excellence, et la sagesse est de dire et produire les choses vraies selon la phusis, en l’écoutant » (22B 112 DK)

PHUSIS se met à l’écoute des phénomènes, accepte d’être à la merci des forces de vie : les accompagne le plus productivement possible. PHUSIS est une expérience de la vie comme union des contraires et enfantin jeu divin. Une porte ouverte sur de nouvelles possibilités d’existence.

Vie phusique

PHUSIS exprime un rapport au monde, une expérience globale des choses. Toute éclosion est productrice, elle se joue à partir du retrait et de la destruction. Chaque victoire provient de nombreuses défaites, surmontées. Ce qui apparaît à la surface est le fruit de mille choses qui disparaissent dans les profondeurs. Toute vie émerge… d’un champ de morts. Le tronc, les branches, les feuilles, les fleurs, les fruits d’un arbre reposent sur toute une vie intérieure, qui prend source dans ses racines et les profondeurs de la terre. Vie mystérieuse faite d’incessants va-et-vient, d’innombrables luttes microscopiques. Vie cachée, en interaction constante avec ce qui l’entoure, de près et de loin, finalement le monde entier : respiration, nutrition, digestion, conservation, croissance, et en même temps rejet, déperdition, mort. Idem pour l’homme et pour tout phénomène de la nature.

phusis: union des contraires

L’un ne va jamais sans l’autre, nulle part, chez personne : tout être vivant, tout phénomène est en même temps clair et obscur, grand et petit, froid et chaud, riche et pauvre, simple et complexe, sain et malade, fort et faible, beau et laid, amoureux et pas, lent et rapide, lourd et léger, intelligent et stupide, bref vivant et mort. Simple question de perspective, de vision du monde, d’accent, d’interprétation, d’histoires qu’on se raconte. Ce n’est jamais l’un ou l’autre, mais toujours les deux à la fois, l’un et l’autre, et même plus : l’un dans l’autre, avec un côté qui se manifeste plus fort que l’autre. L’un éclot de et dans l’autre. Tout n’est que différences de degrés du même : deux versants d’une même réalité, d’une même colline, que nous appelons « phusis », en écho à l’expérience grecque archaïque de la nature.

quête d’équilibre et dépassement de soi

L’équilibre provient de l’union harmonieuse de ce qui nous semble s’opposer, du jeu équilibré entre l’un et l’autre. Non pas de la suppression d’un côté (le laid, le faux, le mauvais) au profit de l’autre (le beau, le vrai, le bon), mais de l’accord et du jeu interdépendant des deux. Sérénité : conséquence de cet équilibre, de cette harmonie, de ce jeu. Sérénité spontanée de tous les phénomènes de la nature ; sérénité à retrouver pour l’homme empêtré dans ses structures de pensée analytiques. Joie : affirmation du jeu, dépassement de soi, maîtrise et accroissement de ses possibilités d’existence : grand OUI à la vie en son caractère problématique et contradictoire ; grand OUI au jeu du monde, tel qu’il est, sans rien y retrancher. Jubilation dans la souffrance. Par-delà bien et mal. A la merci des forces « phusiques » qui nous dépassent.

A l’écoute du monde

Notre monde a un sens, nous avons des buts à atteindre, mais ils ne sont pas rationnels, moraux, humains, idéalistes, égoïstes, sociaux : un travail lucratif, faire couple et avoir de beaux enfants dans une jolie maison, un chalet pour les week-end, l’amour sans faille, la santé parfaite, le bonheur perpétuel, la jouissance sans fin, des médailles, des titres, de la puissance. Non : les buts du monde dépassent ceux des hommes en quête de bonheur, de pouvoir et de reconnaissance.

PHUSIS se met à l’écoute de la cohérence du monde et des forces artistiques qui nous traversent. Le but est de les reconnaître, de les sentir, de s’y fier, de s’y plier. Coûte que coûte. Loin des humanités, de la politique, de l’économie, de l’intelligence de l’homme intelligent, de la richesse du riche, de l’arrogance de l’arrogant. Expérience, affirmation et maîtrise des mystérieuses puissances qui nous dépassent ; prolongement de celles-ci et dépassement de soi en harmonie avec le monde dans son ensemble, en sa cohérence propre. Exemplarité.

Tribut et tâche du phusicien

Le phusicien se met à l’écoute des choses. Il accepte d’être à leur merci : tributaire des forces qui le dépassent, il se plonge en lui-même et dans les phénomènes en leurs multiples dimensions pour laisser parler et prolonger la phusis elle-même. Si la conception objectiviste et mécaniste de la nature part du point de vue de l’homme compris comme sujet certain de soi, qui cherche à tout saisir, classer, consommer, manipuler et transformer à sa convenance, l’expérimentation phusique de la vie se caractérise par une affirmation complète de la pulsivité phusique, du chaos à l’harmonie, à l’équilibre et au dépassement de soi.

Enthousiasmé, porté par ces étonnantes énergies, cette musique de la vie, l’homme devient médium, porte-parole, expression de la nature. Œuvre d’art. Jouet de… celui que les anciens Grecs appelaient jadis Dionysos, dieu de la tragédie, dieu artiste de la vie et de la mort, dieu de la phusis.

Le philosophe phusique

Le premier réflexe du philosophe phusique est d’abandonner sa subjectivité et ses aspirations individuelles pour laisser évoluer, vibrer et résonner, en lui et autour de lui, par ses pensées, ses œuvres, ses engagements, les puissances phusiques, dionysiaques qui régissent le monde. Il cherche en toute honnêteté et authenticité à découvrir et libérer les possibilités de vie. Il est un signe vers le monde en sa nature d’enfantin jeu divin. Une porte ouverte sur de nouveaux horizons de pensée et d’action. Il met tout en œuvre pour que l’homme se libère l’esprit – et le corps. Il se bat contre l’abrutissement, la quête de profit, la consommation, le divertissement qui déssèchent l’existence. Il est un terroriste de la pensée, de la sensibilité ou plutôt de l’absence de pensée et de sensibilité.

D’où provient le terme « phusis » ? Vous trouverez la réponse ici.

L’histoire de la découverte du mouvement phusique et la présentation de ce dernier se trouvent .