Championnats du monde de ski… alpin

Ski alpinSki alpin QCes derniers jours, je n’ai pas manqué de regarder la télévision, de tenir les pouces à Lara Gut, de trinquer avec Patrick Küng, de me moquer, un peu, gentiment, de Didier Défago et de quelques autres. Ben oui, ces jours, il y a les Championnats du monde de ski à Vail /Beaver Creek, en Amérique. Ou, comme le disent les journalistes, pour le coup plus exacts que moi, les Championnats du monde de ski alpin. Mais… des Championnats du monde de ski alpin ? Il n’y a pas là quelque chose qui cloche ?

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Ski alpin R2Ah ma chère Ariane, je reconnais tes petites oreilles. Oui, il y a quelque chose qui cloche dans le fait qu’il y ait des Championnats du monde de ski… alpin qui se déroulent aux Etats-Unis. Comme il y aurait quelque chose qui cloche si les Championnats du monde de ski… alpin avaient lieu dans les Pyrénées, dans les Andes, dans l’Himalaya, les Rocheuses, ou je ne sais quelle chaîne ou cordillère montagneuse de notre chère planète. Endroits où ils risquent d’ailleurs fort bien d’être organisés tôt ou tard, pour autant que ça n’ait pas déjà été le cas…

Quelque chose qui cloche, mais qui est à la fois significatif de l’importance et de l’influence qu’a eu et que continue à avoir notre bonne vieille Europe sur le reste du monde. Ou en l’occurrence seulement sa partie alpestre, qui a brillamment réussi à labelliser et mondialiser le ski… alpin ; alpin au sens – tout le monde l’aura compris – où il est pratiqué dans les Alpes.

Réussite que nous devons largement aux richissimes Anglais qui, à la fin du XIXe siècle, sont venus en nombre se divertir dans nos contrées, s’adonner aux joies des sports de glisse, dilapider leur argent et alimenter nos porte-monnaie. Non sans alimenter en même temps la renommée du ski, des paysages, des grands hôtels… alpins.

Ce qui cloche surtout, ma chère Ariane, c’est qu’à part toi, les gens ne s’en rendent même pas compte – et même plus s’en fichent complètement – du fait que les Championnats du monde de ski soient les Championnats du monde de ski… alpin. Et non de ski de piste, par exemple : appellation qui permettrait de s’entendre tout aussi bien, sans la moindre trace d’ethnocentrisme et de promotion commerciale.

Sans venir rappeler tout azimut que le ski de piste est d’abord et avant tout un sport pratiqué dans les Alpes. Dans quelques vallées alpestres, jadis isolées, perdues, terriblement sauvage, et pauvres, d’ailleurs, aujourd’hui paradoxalement extrêmement riches : des hauts-lieux de tourisme et de dépenses effrénées, des villes à la montagne, des parcs d’attraction, des lieux de consommation, de divertissement et de fête, des places « to be » comme nulles autres pareilles. Dans les Alpes !

Mais revenons en arrière. Les premiers Championnats du monde de ski… alpin ont été organisés en 1931, à Mürren, en Suisse, dans les Alpes. Bien avant la mondialisation. Mais bien après l’arrivée des Anglais. D’ailleurs, sur les quatre titres distribués, deux sont revenus à la Suisse, et deux autres à la… Grande-Bretagne… Championnats du monde qui ont non seulement permis de faire de la publicité à large échelle pour la pratique du ski dans les Alpes, mais encore offert la possibilité aux crétins des Alpes que nous sommes et que sont les touristes qui consomment la montagne de décrocher des titres et des médailles… mondiales à moindre frais.

Oui, ma chère Ariane, tu comprendras sans autres dans quelle mesure il est plus facile de devenir champion du monde dans un sport pratiqué dans une quinzaine de vallées dans le monde que dans une discipline sportive pratiquée sur toute la planète.

D’ailleurs – et ce sera là ma dernière remarque pour aujourd’hui –, comme il y a de plus en plus de monde qui semble s’y mettre, au ski alpin – pardon, au ski de piste –, dans le monde entier, comme ça devient donc de plus en plus dur de remporter des médailles, on n’hésite pas aujourd’hui à inventer de nouvelles disciplines, pour l’heure encore quasi inconnues. Comme par exemple celle du ski alpinisme, dont les Championnats du monde se déroulent actuellement à Verbier, en Suisse.

Nouvelles disciplines qui ne représentent pas seulement une nouvelle manière de faire de la réclame pour nos belles Alpes, nos belles stations dans les Alpes, mais permettent encore aux dupes de continuer à satisfaire leur égo et à briller sans trop de difficultés sur le plan… mondial.

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Tous les mardis, PHUSIS donne une perspective phusique à une actualité, un événement, un extrait de texte, une pensée, une sensation, un problème ou n’importe quel phénomène jubilatoire ou inquiétant de notre monde formidable. Le matin, à 6h30, un phusicien poste un bref article, sous forme de question à méditer. Puis, à midi, PHUSIS propose une réponse et mise en perspective.

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