THE LIMITS OF CONTROL, DE JIM JARMUSCH AVEC ISAACH DE BANKOLÉ, Alex Descas, Jean-François Stévenin, Tilda Swinton, Gael GarcÃa Bernal, Bill Murray, John Hurt, (USA, 2009, 1h56).
Film où il ne se passe a priori rien. Mais où le rien est source de tout : victoire de l’imagination sur la rationalité, de la subjectivité sur l’objectivité, de la multiplicité… phusique sur l’unicité du réalisme pragmatique. Toujours sur la pointe des pieds. Tout en musique.
Film envoûtant, qui aboutit à un meurtre. Film terroriste.
Histoire d’un homme, anonyme et solitaire (Isaach De Bankolé), qui accomplit, à travers une Espagne pleine de mystères archaïques, une mission énigmatique et dangereuse de libération. Loin de toute logique rationnelle, son chemin est tracé par d’étranges rencontres, poétiques, plastiques, cinématographiques, musicales et humaines. Chacune découle sur un message secret soigneusement caché dans une boîte d’allumettes « Le Boxeur ». Grâce à sa concentration, sa maîtrise, sa contemplation, sa force d’imagination et de pénétration, l’homme parvient finalement sans peine, non seulement à décoder les messages secrets – avalés, incorporés –, mais encore à déjouer l’inquiétant système qui façonne et verrouille notre monde, s’immiscer dans le temple du pragmatisme et y assassiner son chef.
Un attentat terroriste contre la stérilisation. Porte ouverte sur les possibilités de l’imagination.
The Limits Of Control ? Limites de quel contrôle ? Titre équivoque. Le « of » peut être subjectif ou objectif : limites propres au contrôle ou alors limites mises en œuvre par le contrôle. Contrôle ? Ou bien c’est l’Etat, la rationalité, les Idées, l’économie, jusqu’au totalitarisme ; ou bien la maîtrise de soi, jusqu’au grand style : maîtrise du chaos que l’on est. Ou bien, ou bien. Ou, comme toujours et partout, les deux à la fois.
Voici le trailer du film. Quasi tout y est, en demi-teinte :
Ne manquez pas de cliquer ici pour voir une des rencontres artistiques (flamenco) qui conduira au meurtre. Recherche de belle forme – non pour elle-même, mais comme victoire sur la laideur. Clé artistique. Ne manquez pas d’écouter les paroles : « He who thinks he’s bigger than the rest must go to the cemetery. There he will see what the world really is. It’s a handful of dirt ». En français : « Celui qui se croit plus grand que le reste doit aller au cimetière. Là , il verra ce que le monde est vraiment: une poignée de saleté ».
Pour voir l’apothéose du film, juste avant le meurtre, cliquez ici (les vidéos ne sont pas exportables) :
Et en guise de suppléments, quelques phrases-clé :
« No guns, no sex. How can you stand it ? »
« Not while I’m working. »
– Among us, there are those that are not among us. – I’m among noone.
« You Bohemians […] have nothing to do with the real world ! »
« Everything is subjective. »
« Reality is arbitrary. »
« Sometimes the reflection is far more present, than the thing being reflected. »
– How did you get in here? – I used my imagination.
« ¿Usted no habla Español, verdad? »
« Victoire de l’imagination sur la réalité » « assassiner le chef du système façonnant et verrouillant le monde » « un attentat terroriste contre la stérilisation ». Tout cela est beau, très beau. Trop beau?
Tous les personnages, jusqu’au tueur, sont marginaux, et même à tel point sur le bord extérieur de la marge qu’ils ne semblent pas appartenir à la réalité, et encore moins au système. Pourquoi alors la/le tuer?
N’est-ce pas dans la marge de la réalité que se cache toute nouvelle possibilité? Et les plus incroyables d’entre elles dans le bord extérieur de la marge, qui confine à la folie et pousse l’homme à accomplir des tâches immenses dont il n’a pas lui-même conscience?
It’s like a game