DITHYRAMBE | NAISSANCE DE LA VIGNE
Court-métrage de Brice Tourneux, musique de Maurilio Cacciatore.
Site Internet de Brice Tourneux
DITHYRAMBE | NAISSANCE DE LA VIGNE
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Bonsoir Michel. Etonnant, de votre part, de mettre un « post » sans commentaire…
Tiens, Paul semble me connaître mieux que je le connais. Peut-être que j’espérais voir des lecteurs en parler à ma place ? Quelques lignes pour vous faire plaisir. Quelques lignes sur l’étymologie de « dithyrambe ». Si, pour la plupart, le mot est oriental, d’autres (notamment Karl Reinhardt) y entendent « rhéo », qui — dans la langue indo-européenne — appartient étymologiquement à spream, Strom, rheuma.
Le dithyrambe est ainsi une parole qui relève de l’éruption, c’est-à-dire de l’écoulement violent et puissant du fond même de la vie dionysiaque.
A vous de poursuivre !
La vie qui donne la mort, puis la vie qui naît de la mort, la mort qui fait jaillir la vie. Sous le regard vif des astres et du temps qui passe. Le tout en noir et blanc, ça plaira à Zarathoustra! L’aboutissement est toutefois étonnant, avec cette intervention de l’homme et une touche un peu « industrielle ». Sans que le monde et les astres n’arrêtent de tourner.
Dans cette oeuvre, la vigne est travaillée par l’homme. On le voit bien à la forme qu’elle a. Sans le travail de l’homme (notamment par la taille qui, ne l’oublions pas, la conduit tout en la blessant), elle ne serait qu’une longue liane. Or, qui pense encore la vigne comme plante sauvage, comme liane ? Travaillée et conduite par l’homme, elle donne du raisin puis du vin, ce dernier encore une fois grâce à l’intervention humaine. Elle est là avant l’homme et sera là après l’homme. Mais en fin de compte, ne serait-ce pas elle qui se nourrit de (la mort de) l’homme ?
C’est vrai que la taille a quelque chose de particulier. Vous dites bien que la vigne est blessée par la taille et que cela la « conduit ». Mais où cela la conduit-elle? A ne pas devenir liane, à faire plus de fruit ? Douleur, d’un côté et fruit de l’autre. Douleur en même temps que fruit. Vie en même temps que mort. La vigne, en somme belle représentation de la phusis.
Ce dithyrambe s’intitule « La naissance de la vigne ». Une fois apparue, après avoir été taillée ou non, elle donne à des mains de quoi produire, industriellement ou non, le vin. La vigne, l’homme et leurs productions donc.
Choses d’une grande importance.
Dans ce dithyrambe pourtant, elles n’apparaissent que comme un moment du tout. Ni au début ni à la fin d’ailleurs. Pour ainsi dire une excuse à son apparition.
Le flux dithyrambique est bien plus long, large, profond, et haut à la fois. Englobant tout, il est un violent hymne à la vie. Une célébration des forces de croissance et de production que recèle le monde.
D’accord avec vous sur tout la ligne (ou liane). Y compris avec toi, la Grecque Tarattousa, « celle qui trouble ». Permettez au monstre du disciple de Dionysos de se réveiller et de vous dire qu’il y reconnaît, comme vous, une expression des mystères tragiques de la phusis : ivresse de la production et de la destruction ; ivresse de l’abîme ; ivresse de la vie.
Les forces animales, vaginales, pulsives, formatrices et déformatrices du monde, les mains de l’homme, les métamorphoses de la vigne et de ses fruits comme symboles générateurs du culte mystique des transformations cosmiques.
Au plus loin de la morale, de la politique, de l’idéalisme et de toute prétention humaine. Au plus loin de l’objectivation des phénomènes. Y compris de la vigne, du vin, de l’homme. Au plus loin donc de l’animal doué de raison qui s’agite et fait le malin partout.
Au plus près de l’expérimentation. Au plus près de la folle ivresse de la vie. Non pas dans le n’importe quoi, mais dans l’obéissance rigoureuse aux puissances et rythmes… dithyrambiques.