HÉSIODE EST UN CHANTEUR GREC DU 8e SIÈCLE AVANT J.-C., auteur de plusieurs textes, dont un chant très fameux, intitulé la Théogonie – titre qui signifie littéralement la naissance des dieux. Il y célèbre les événements les plus importants à l’origine de l’univers : les diverses unions, apparitions, luttes et autres prises de pouvoir divins qui ont rythmé l’établissement du monde grec.
Parmi toutes les divinités, le puissant Zeus occupe une place capitale, également dans la Théogonie. Hésiode nous apprend comment, grâce à sa force et à ses frères et sœurs, le dieu parvient à vaincre les divinités originelles, instaurer l’équilibre sur terre et dans le ciel puis établir son règne.
Outre ces exploits, Hésiode ne manque pas de raconter dans quelle mesure ce dieu des plus volages trompe volontiers son épouse Héra pour s’unir à quantité de déesses et de mortelles, qui le rendent père de toute une série d’enfants. Parmi ces nombreuses liaisons, Hésiode en rappelle notamment une : celle que Zeus entretient avec la mortelle Sémélé, la fille de Cadmos, le roi de Thèbes. Or le fruit de cet amour partagé entre le divin Zeus et l’humaine Sémélé donne naissance à… Dionysos.
Dionysos : en même temps homme et dieu : « immortel né d’une mortelle ». Hésiode le caractérise de fils « brillant », lumineux, scintillant, éclairant – famille de mots que le dieu partage avec Apollon, généralement considéré comme sa contrepartie mais dont les qualités sont finalement fort semblables (lumière et obscurité, vie et mort, etc.). Cette brillance et luminosité, Dionysos la fait rayonner pour ainsi dire à chacune de ses apparitions : le dieu irradie tellement qu’il procure à tout phénomène une « grande joie », au sens où il insuffle toute une réjouissance au monde qu’il incarne et ressource à la fois.
Quant à Sémélé, qu’on sait avoir été foudroyée durant la gestation de Dionysos, elle ne doit pas errer pour la nuit des temps dans le royaume des ombres – c’est-à-dire le monde des morts –, mais a tout compte fait le privilège d’accéder à l’Olympe, où Zeus lui accorde l’immortalité : « Désormais, tous deux sont dieux », la mère et le fils tout autant.
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Sémélé, fille de Cadmos, a enfanté un fils brillant
Après s’être unie d’amour à Zeus : Dionysos qui procure grande joie,
Immortel né d’une mortelle ; désormais tous deux sont dieux.
Καδμηὶς δ’ ἄρα οἱ Σεμέλη τέκε φαίδιμον υἱὸν
μιχθεῖσ’ ἐν φιλότητι, Διώνυσον πολυγηθέα,
ἀθάνατον θνητή· νῦν δ’ ἀμφότεροι θεοί εἰσιν.
Hésiode, Théogonie, 940-942