SUITE AU DÉVELOPPEMENT INSTINCTIF – ludique, spontané, par-delà bien et mal – de premiers réflexes, de premières images et d’une première intelligence de soi et du monde sous l’œil avisé de son entourage, les horizons de l’enfant ne cessent de grandir et de se stabiliser toujours davantage.
Avec le temps, les parents et l’école l’aident en effet à préciser et élargir son rapport à soi et au monde. On lui apprend notamment à bien parler, à bien utiliser ses mains, à ne pas être trop maladroit avec son corps, et à faire bon usage de sa tête. Ce faisant, on le guide en même temps dans son interaction avec les phénomènes et avec les gens.
Par les histoires qu’on lui raconte, les activités qu’on lui fait faire et les conseils qu’on lui donne, on l’amène à prendre conscience de sa personne et de son image ; on lui enseigne comment se tenir et se présenter ; on le pousse à faire bonne figure. En lui inculquant les règles de conduite et autres codes sociaux d’usage, on lui donne les bases nécessaires à toute éducation et formation futures.
En procédant de la sorte, on ne rend pas seulement l’enfant attentif à son image, mais de manière plus générale aux images : tant à celles qu’il façonne instinctivement, par sa fantaisie, dans son imagination, qu’à celles qu’on lui propose et impose de l’extérieur. Quelles qu’elles soient, on cherche à les lui expliquer et clarifier en mots ; on lui apprend à en cerner la valeur et les enjeux.
De fait, les premières sont la plupart du temps dénigrées, jugées inutiles, voire déplacées (par manque de sérieux) ; alors que l’utilité et efficacité des secondes n’a de cesse d’être soulignée et vantée ; parmi elles, avant tout les images de la réalité, qu’on lui fait toujours davantage découvrir, nommer et appréhender correctement.
On lui donne ainsi le cadre et les outils nécessaires pour, par-delà ses simples sensations, ses premiers réflexes et images spontanés, par-delà son insouciante et ludique intelligence de vie, canaliser comme il se doit ses pulsions et fantasmes et comprendre d’une première manière ce qui se passe en lui et en dehors de lui. L’enfant apprend par là à interpréter en bonne et due forme les phénomènes qui le traversent et l’entourent et gagne ainsi une première assise sociale dans le monde.
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Aide
L’enfant possède deux types d’images : celles, intérieures, propres, qu’il façonne lui-même instinctivement, par sa fantaisie, dans son imagination ; et celles, extérieures, proposées et imposées par tout un système, – représenté ici par les parents, l’école et la société en général. L’image qu’il a de lui-même se trouve à cheval entre les deux, plus près de l’une ou de l’autre en fonction des influences, intérieures ou extérieures.
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Le prochain article de la série présente comment, après avoir gagné une première assise sociale (premières règles, prise de conscience des images qu’il façonne et qu’on lui impose), l’enfant est amené à chercher la réussite dans le monde.