Fête du 1er août 2014

Fête nationaleA L’OCCASION DE LA FÊTE NATIONALE, nous avons quitté un instant la mer pour prononcer l’allocution du 1er août dans la Commune de Longirod (VD), lieu d’amorce de nombreux de nos travaux :

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« Chères Longeroises, chers Longerois, bonsoir à toutes et à tous,

C’est un grand honneur et un grand plaisir pour moi de me retrouver devant vous en ce jour de fête nationale. Jour de célébration du 723e anniversaire du pacte fondateur de la Confédération.

723e anniversaire pour les trois cantons primitifs que sont Uri, Schwytz et Unterwald. Et à vrai dire 211e anniversaire pour nous autres Vaudois, qui avons le droit de participer à la fête depuis 1803, année de notre entrée dans la Confédération helvétique suite à l’Acte de Médiation de l’illustrissime Napoléon Bonaparte. Lui qui a contribué à libérer le Pays de Vaud, notre cher Pays de Vaud, des griffes des ours bernois.

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Un honneur pour moi, parce que Longirod représente beaucoup pour ma petite personne. Oui, Longirod est depuis quelques années devenu pour moi un endroit important : le lieu d’un retour aux sources, à la terre, au paysage, autrement dit au pays.

Un endroit où je passe régulièrement, avec ma petite voiture bleue, qui me conduit, via Aubonne et Gimel, de Lausanne, où j’habite, travaille et cours dans tous les sens, dans les hauteurs de la Commune, au Petit Pré de Rolle. Plus précisément au Chalet du Petit Pré de Rolle, dont j’ai la chance d’être locataire et où j’ai le bonheur de pouvoir faire mille et une autres choses plus excitantes qu’habiter, travailler et courir dans tous les sens. Petit Pré de Rolle où j’ai l’occasion de souffler, d’expérimenter, de sentir, de vivre et travailler tout autrement. Dans un autre temps, à un autre rythme, loin du bruit et de la fureur de la ville.

Longirod, où je passe d’autant plus volontiers, avec ma petite voiture bleue, que j’y ai rencontré quantité d’êtres chers, de toute sorte, honnêtes, humbles, sympathiques, ouverts : la plupart à quatre pattes, à mamelles, à queue, voire à cornes ou à ailes ; mais aussi sur deux jambes et tout habillés, comme je le suis moi-même.

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Le voyage de Lausanne au Petit-Pré de Rolle est toujours pour moi quelque de fabuleux et en même temps de paradoxal. D’abord, il y un long bout à plat, sur l’autoroute. Un peu à l’image de notre pensée, qui a tendance à foncer sur les voies rapides, balisées, monotones, entourées d’une bande d’arrêt d’urgence et de glissières de sécurité. Et qui a en même temps tendance à cruellement manquer de sorties, d’ouvertures, d’amour, de fantaisie et de poésie.

D’abord, il y a donc un long bout à plat, sur l’autoroute de la pensée, jusqu’à la sortie d’Aubonne, où l’autoroute de la pensée s’ouvre, sur la gauche, sur une autre autoroute : celle de la consommation facile, elle aussi formidablement balisée et sécuritaire.

Mais ouf, après la sortie d’Aubonne, nous, on ne bifurque pas à gauche, mais on tourne à droite. Et voilà que ça commence à monter : qu’on commence à s’élever. On traverse la charmante ville d’Aubonne. On passe d’un peu moins de 400 m d’altitude (niveau du lac) à près de 900 m, pour arriver à… Longirod, dans le sympathique village de Longirod – où l’air est bien plus pur qu’en bas…

Mais ce n’est pas encore tout ! Une fois passé le village, le Stand de Tir, juste là, derrière, avec ma petite voiture bleue, voilà qu’on s’enfonce dans la forêt, que ça côte et tourne toujours plus, jusqu’aux Frasses, et, plus loin, plus haut, jusqu’au Petit-Pré de Rolle, perché à quelque 1380 m d’altitude, là où l’air est d’une incroyable pureté…

Loin des autoroutes, du monde pollué par la vitesse, par les idées reçues, les faux-semblants, les jeux de pouvoir, l’arrogance, les plaisirs calibrés et autres divertissements stériles, on se trouve tout à coup au-dessus de tout ça, hissé à un niveau supérieur. Dans un monde où tout est calme, où tout est ouvert, plein de mystères, de fantaisie et de poésie.

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Et en même temps, pendant toute cette montée, de Lausanne au Petit Pré de Rolle, vers ce monde merveilleux, se joue, s’accomplit – et voilà ce qui est paradoxal – toute une descente.

Oui, plus on s’élève, plus on grimpe vers les hauteurs, vers la nature, plus on s’approche en même temps – c’est paradoxal, et en même temps si délicieux –, plus on s’approche de la terre, de nos racines, de nos ressources cachées, volontiers oubliées, négligées, et même goudronnées du côté de la ville et des autoroutes.

Oui, plus on s’élève, plus on grimpe, plus on s’enfonce à la fois dans la nature, plus on retrouve notre terre. Et pas n’importe quelle terre : mais notre terre natale, notre pays bien souvent oublié. Pays qui n’offre pas que de splendides paysages, mais qui est notre véritable ressource.

Terre natale, paysages, pays, ressource peuplés d’êtres de toutes sortes, qui se distinguent par leur fidélité, à la terre, justement : leur amour des racines, des ressources, en un mot du pays. Qu’importe finalement qu’il s’agisse de pierres, de plantes, de bêtes, à deux, quatre ou plus de pattes encore, ailés ou non, avec ou sans mamelles, queue, cornes ou habits. Ce qui compte, c’est ce qu’ils sont au fond : c’est la vie surpuissante qui les anime de fond en comble.

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A l’occasion de ce 1er août, chères Longeroises, chers Longerois, c’est cette terre natale, ce pays, ce paysage, cette ressource de la vie – de votre vie, de notre vie à tous – que je souhaite célébrer avec vous.

Merci pour votre attention, bonne suite de fête ! Et longue vie à la terre et à notre magnifique pays à tous !  »

1 Comment

  1. Beau disours, ou plutôt éloge du retour à la terre! Avec l’espoir qu’il ne faille pas de plus en plus systématiquement prendre de la hauteur pour nous ressourcer, mais qu’il soit aussi possible de trouver, ici-bas, près du lac, voire en ville même, de quoi le faire…

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