Le « moi » est une fiction qui n’a de cesse d’évoluer, de s’engendrer elle-même, de proliférer, de croître, de se renforcer, de se démultiplier. Ou alors de se ratatiner, se durcir, si notre éducation, notre environnement et finalement notre expérience nous a appris qu’il fallait se protéger, se replier sur soi-même. Tout l’enjeu de la vie est de rester ouvert, souple. Non pas mou – pas plus que rigide –, non pas crispé – pas plus que détendu –, mais tendu, comme la corde d’un arc, prêt à lancer ses flèches, ou comme un instrument de musique, prêt à faire résonner la vie.