Souvent, avec les gens, on est tolérant, on ferme les yeux, on fait des compromis. Dans une conversation, par exemple, quand on n’est pas tout à fait d’accord, ou parfois même pas d’accord du tout, on se retient, on n’en fait pas un cas. Pour le bien de la situation, de la relation, de l’ambiance, on laisse aller et ne dit rien.
ERREUR ! En mettant de l’eau dans son vin, on devient fade. En érodant sa position, en élimant son opinion, on néglige sa personnalité qui, si tout à coup elle se réveille, a toutes les chances de se manifester de manière… comment dire, peu avisée, voire violente.
Ce qui fait que : aussi scandaleux que ça puisse paraître, je suis contre la gentillesse mièvre, le consensus mou, la demi-mesure. Au contraire, je plaide pour la lutte, la lutte constructive, le dialogue, au sens fort du « dia- », de l’« écart » : de l’échange fort et franc, qui s’avère d’autant plus riche, plus productif que l’écart entre les protagonistes est grand.
Bref, je ne crois pas à la tolérance. Ou, mieux : je n’y crois plus. Depuis mon histoire avec ma femme…
J’ai été avec ma femme pendant… longtemps. Oh là là, très longtemps. C’était l’amour, ce qu’on appelle l’amour, pour autant qu’on puisse, avec le temps, toujours appeler par le même mot ce qui se jouait au début et ce qui se passait à la fin. En tout cas, c’est sur elle que je suis tombé, c’est elle que j’ai choisie, c’est elle que j’ai aimée, c’est avec elle que j’ai passé tout mon temps, que j’ai tout partagé. C’était ma femme, même si ce n’était pas drôle tous les jours, c’était comme ça, et finalement pas si mal. Et hop, un jour, elle m’a mis à la porte. Sans que je n’y comprenne rien.
Aujourd’hui, je sais : j’ai été trop tolérant, beaucoup trop tolérant. A force d’être gentil, de vouloir lui faire plaisir, de ne pas discuter, d’accepter ses vues, ses critiques, d’être d’accord avec ses propositions, de me plier en quatre, j’ai érodé ma position, élimé mes opinions et, finalement, affadi ma personnalité qui, évidemment, ressortait quand même de temps en temps, mais alors de manière disons… moyennement maîtrisée.
Et hop, je me suis fait mettre à la porte. Avant de jurer, mais un peu tard, qu’on ne m’y reprendrait plus. Bref : soyons moins gentils – et moins tolérants !
Le mariage c’est résoudre à deux les problèmes que l’on aurait pas si on était resté célibataire. (anonyme)