Covid-10 | Le président de la République Emmanuel Macron en a étonné plus d’un il y a deux semaines en reconnaissant « des biens et des services au-dessus de la loi du marché » et promettant d’interroger demain « les faiblesses de notre démocratie ». Un des effets « bénéfiques » du coronavirus.
L’Etat-providence (appelé en Suisse Etat social) intervient activement dans les domaines social et économique pour assurer certaines prestations à ses citoyens. Il diffère de la conception purement libérale de l’Etat, qui se limite aux fonctions d’ordre public et de sécurité.
On peut entendre dans les propos de Macron une explication du repli actuel. Si les Etats mettent tout en œuvre pour éviter le débordement des hôpitaux, c’est que ces derniers ne sont pas prêts à accueillir le flot prévu. Or le manque de lits est le résultat de l’éthique libérale qui a régné dans le domaine de la santé publique ces quinze dernières années : les hôpitaux et les services de santé ont été gérés comme des entreprises, dont le but est avant tout de générer du profit. Il faut que ça change, comme le dit Macron, sur un ton quasi socialiste :
« Il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de notre démocratie. Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite, sans conditions de revenus, de parcours ou de profession, notre Etat-Providence, ne sont pas des coûts ou des charges, mais des bien précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. (…) Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en-dehors des lois du marché. (…) Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de ruptures dans ce sens. »
En France comme en Italie et en Espagne, personne n’a ces dernières année pris au sérieux les appels alarmistes des médecins et autres spécialistes sur l’état de délabrement des systèmes de santé. La « guerre contre le coronavirus » est-elle une guerre contre la reconnaissance des erreurs politiques du passé dont découle le délabrement de nos systèmes médicaux ?
En Suisse, on s’est depuis plusieurs semaines réorganisé et armé comme jamais pour affronter le flot de malades.