Covid-19 | Pour les médias, les catastrophes sont du pain béni : elles les placent au centre de l’intérêt. En un rien de temps, on est tellement fasciné qu’on en oublie notre stress, nos problèmes, notre ennui. Attention : pour un temps seulement.
Tout le monde le sait et le critique : les médias font volontiers dans le sensationnalisme. Les exploits, les scandales et la peur sont de très bons produits sur le marché dérégulé de l’information. Jour après jour, les médias s’en nourrissent et les transmettent. Et… tout le monde tombe dans le panneau : on est tous fascinés par les exploits, les scandales et la peur. Plus que jamais en période de crise.
Il n’y a rien à y faire : ça nous attire, ça nous excite. Les catastrophes plus que tout. Plus encore quand elles ont lieu près de chez nous – et de surcroît en même temps sur toute la planète. Et il ne s’agit pas que de compassion. Les catastrophes ont paradoxalement quelque chose de… libérateur. Elles nous arrachent de notre stress et/ou train-train quotidien : soudain, l’inattendu, le terrible prend la place du travail et de l’ennui. D’une minute à l’autre, tout change : on a quelque chose en commun, un intérêt, un sujet, une excitation, une crainte, une responsabilité. La catastrophe à peine aperçue, les médias bondissent sur l’appât. Et voilà qu’elle est dans toutes les têtes et sur toutes les langues.
Aussi scandaleux que ça puisse paraître, la catastrophe nous arrache de nos vies monotones. Elle est une sorte de… divertissement. Oui, elle nous divertit, détourne notre regard et nos idées de ce qui compte habituellement. Bien mieux encore qu’un match de foot, une partie de cartes, un repas familial, un jogging, une sortie à ski, une visite de musée ou un ciné. Plus intense.
Mais attention : ce n’est pas en compatissant, en se divertissant, en se passionnant qu’on se débarrasse de nos problèmes. Au contraire, une fois la catastrophe passée, ils ont tôt fait de revenir. Plus fort qu’avant.
La fascination pour les catastrophes est doublement dangereuse. A titre personnel, parce qu’elle nous détourne de notre vie, de notre rapport au monde et à autrui, que nous ne gérons plus comme il faut. A titre collectif parce qu’elle nous empêche de garder la tête froide. Dès que survient un gros événement, nous sommes soudain incapables de distinguer les « vraies » catastrophes de celles… construites par les médias.
La crise sanitaire que nous vivons a par exemple complétement mis de côté la situation en Syrie : la moitié d’un peuple bombardé par son propre pouvoir ; des dizaines de milliers de réfugiés parqués dans des conditions épouvantables aux frontières d’une Europe qui dispose des armes automatiques pour les tenir à l’écart.
Plus les catastrophes sont inédites et proches de nous, plus nos cerveaux déraillent, perdent leur faculté de mise en perspective et sont à la merci des journalistes, plus assoiffés encore que nous de compassion et de divertissements…
#ObéissonsMaisOsonsPenser
Le journaliste est le vecteur principal de l’information qui est considérée comme sûre si elle provient de lui et à côté de cela, internet, les réseaux sociaux ou le bouche-à-oreille font aussi circuler de l’information, mais l’information provenant de ces dernières sources est connue pour être moins sûre, non vérifiée et alors parfois être qualifiée de « Fake news ».
Quel choix avons-nous alors vis-à-vis de l’information et que faut-il faire ? Ne plus lire aucun article de presse, aucun réseau social pour se « protéger de l’information nuisible » ? Ou celui de ne plus croire au pied de la lettre aucun journaliste et de refaire leur travail, en lisant leurs articles, pour en extraire l’information indiscutable (le « fait », la « statistique », le chiffre) et la réinterpréter en cherchant d’autres sources d’informations afin de comprendre au mieux ce qui se passe ? Tout ceci en osant remettre en question la catastrophe et son intensité divertissante qui nous permet de sortir de nos vies et de nos problème, comme si bien écrit.
L’enjeu est de taille : il faut garder la tête froide (patio in distans, passion dans la distance) et lire les bons journalistes, de manière critique. Toute la question est évidemment de les trouver…