D’abord, il y a une sensation fugitive. Un mouvement intérieur, une poussée qui nous vient d’on ne sait où. Une impulsion qui nous étonne, nous éveille. Une impression d’abord toute fine, quasi imperceptible, qui se met à nous appeler. Et à infuser, à grandir, si on s’en occupe. Ou à disparaître si on n’y prend pas garde. Une sensation inexprimable, prodigieuse, pour laquelle on est prêt à donner notre vie.
Si on l’écoute, la choie, elle se met à nous transformer. Plus que de raison. Impossible de rester seul avec ça. On a besoin de gens qui nous entourent, nous entraînent. Des entraîneurs qui aiment et guident notre passion. Des gens délicieux dont la sensibilité, l’expérience, le savoir-faire nous stimulent, nous rassurent. Nous permettent de ne pas nous fourvoyer.
Tout à coup, il n’y plus que ça qui compte : comment je peux mieux sentir, mieux accompagner, mieux laisser jaillir ces puissances qui nous traversent – et risquent toujours de se dérober ? Pour progresser, il faut bien sûr un bon plan, mais le plus important est de réussir à se plonger dans ces forces, toujours plus intensément, plus profondément. Et voilà que des ailes nous poussent – et nous portent au-delà de ce dont on se croyait capable.
Et si le haut niveau, en athlétisme comme dans tout, c’était ça : accompagner les sensations vers la beauté, l’excellence ? Une quête mystérieuse, qui fait de chacun de nous une belle personne, humble et exemplaire…
Pensée athlétique publiée dans le Swiss Athletics Magazine numéro 59 de novembre 2025.