L’ART DES MUSES EST D’UNE TOUTE-PUISSANTE RICHESSE PHUSIQUE : comme le révèle la première Pythique de Pindare, après les fidèles efforts, les forces de la magie, de l’amour, du sommeil, de la possession, de la vie et de la mort finissent par se conjuguer.
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Ayant relâché des deux côtés son aile rapide
Sur le sceptre de Zeus, l’aigle s’endort.
D’un nuage au sombre aspect,
Doux fermoir des paupières
Le son de la musique
A enveloppé sa tête courbée.
Endormi, le roi des oiseaux balance son dos onduleux
Au rythme des poussées de la musique.
(Pindare, Pythique, I)
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L’aile véloce de l’aigle est relâchée. Posé sur le sceptre du dieu des dieux, la tête baissée, le roi des oiseaux se laisse envahir, enivrer, embrumer par le son de la musique. Enveloppé par des élancements semblables aux souffles du vent, au va-et-vient des vagues et de tout phénomène, l’oiseau de proie s’assoupit, plonge dans un sommeil profond. Paisible, docile, il balance sans s’en rendre compte son dos onduleux au rythme des ondes mélodiques des plus profondes et sereines forces de vie.
« Les Grecs le savaient : toute antithèse, une fois sa puissance de choc épuisée, doit se résoudre dans une plus vaste harmonie. » (Pietro Citati, La lumière de la nuit, « Apollon, Hermès, la poésie »)
L’image de l’aigle se balançant au gré de la mélodie est superbe… Alliance de force tranquille, sûre, maîtrisée et de forces qui enrichissent constamment cette dernière.