LE PLUS SOUVENT, QUAND ON JUGE QUELQUE CHOSE « BEAU », c’est qu’il correspond à nos idées de beauté. Si, par exemple, on rencontre une jolie femme, dont l’aspect coïncide avec notre idée de beauté féminine – idée façonnée par les magazines, la télévision, la publicité, une femme avec telle paire de seins, telle paire de fesses, telle taille, telles lèvres, tel visage, etc. –,on a tôt fait de la taxer de « belle » et, forcément, de s’y intéresser de plus près.
Mais voilà, souvent, en s’y intéressant, il y a tout à coup quelque chose qui cloche : la femme en question, qu’on a jugée « belle » de loin, s’avère au fond, de près, loin d’être belle. Oui, au lieu du sentiment de plaisir habituellement lié à la beauté, il y a tout à coup un malaise qui pointe.
La femme en question a beau ressembler par maints côtés à l’idéal de beauté, on ne ressent tout à coup plus grand-chose à son égard : l’émotion esthétique, sensible s’évapore comme un mirage. Il nous reste bien sûr la satisfaction de fréquenter un idéal, de se montrer avec elle – le cas échéant de frimer un petit peu –, mais sinon, pas grand-chose.
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Deux types de beau par Michysos
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A bien y regarder, la beauté idéale est un leurre, un mirage : une apparence de beauté, toute superficielle, toute creuse, toute vide.
Mais il existe une autre expérience de la beauté. Imaginons-nous dans une situation de calme, avec du temps devant nous, les sens aux aguets ; imaginons-nous en présence de n’importe quel paysage, ou de n’importe quelle personne : voilà que s’éveille en nous une émotion esthétique tout autre, un sentiment de beauté tout autre, de toute sensibilité et profondeur.
Voilà justement qu’on se met à éprouver du plaisir face à « l’harmonie et équilibre des forces en tension » : des forces qui poussent à venir à la lumière, à croître, à trouver la meilleure et plus belle forme possible, et qui tirent en même temps vers le bas, la destruction et disparition dans l’informe mort qui gronde au fond de tout phénomène vivant.
Si on y est ouvert, l’équilibre des forces en tension se met soudain à vibrer, à résonner en nous et en dehors de nous. Une sensation de partage, de bien-être nous prend, nous pénètre, nous remue. Emouvante vibration qui n’a rien à voir avec nos idées, mais qui naît précisément de l’émergence, de l’éclosion des belles formes à partir des obscures et chaotiques profondeurs cachées.
C’est pour cette raison qu’on peut trouver « beaux » des paysages, des personnes, des œuvres aussi divers que variés, complètement différents les uns des autres. Oui, ce qui est beau, c’est tout ce qui fait résonner et vibrer en toute cohérence et harmonie, en nous et en dehors de nous, les forces qui constituent le jeu de la vie et de la mort.
Allez, n’oublions pas de faire bon usage de tous nos sens – et de ne pas privilégier que notre vue – et gardons-nous surtout de taxer trop vite n’importe qui ou n’importe quoi de beau !
La beaute est la mere du desir. Aphrodite la maman d’Eros. La beaute c’est voir l’harmonie et ressentir qu’on en a très envie.
Je me souviens de ce grand père qui parlait de sa femme. Il avait ete séduit par ses jolis mollets, en bicyclette.