J’ai vu que PHUSIS proposait pour ce mardi soir, dans ses « Traces phusiques à la TV », La grande Bellezza, film de 2013 réalisé par Paolo Sorrentino. Moi qui croyais que le cinéma italien était mort, je m’étonne ! Est-ce qu’il serait possible d’en savoir un petit peu plus ?
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Non, même si la plupart des productions cinématographiques italiennes sont des navets et laissent craindre le pire pour la grande tradition du cinéma italien, bonne nouvelle, ce dernier n’est pas mort. Preuve en est La grande Bellezza de Paolo Sorrentino, qui passe ce soir, en fin de soirée, sur RTS un, ou qui existe bien entendu en DVD et se trouve aussi en livestream.
Vous verrez, La Grande Bellezza est un film étonnant, dans la veine des plus grands Italiens avec, en tête, Luchino Visconti en personne. Quelle esthétique, quelle sensibilité, quelle beauté, quelle sensualité et quelle bande originale incroyable ! Tout ça pour dire la situation formidable dans laquelle est plongé notre monde si admirable.
D’abord, au début du film, on se demande sur quel bateau on est ; et où on veut nous emmener. Non sans participer volontiers, avec l’époustouflant Jep Gambardello, aux étonnantes soirées d’ivresse mondaines, aussi festives, excitantes que déjantées qui se jouent au centre de l’éternelle ville de Rome. Non sans en même temps sourire et secouer la tête, évidemment. Puis, progressivement, on comprend ce qui se passe, ce que le film lui-même finit par expliquer, après l’avoir indiqué d’une première manière, des plus sobres et énigmatiques, par une longue citation de Louis-Ferdinand Céline, tout au début du film : on comprend que tout, dans cette vie, n’est que jeu, fiction, imagination, de la naissance jusqu’à la mort.
Les belles formes, les belles apparences sont autant de victoires sur un terrible chaos qui travaille dans les soubassements. Et si la beauté, l’artifice, la superficialité, les faux-semblants triomphent, c’est que ça travaille d’autant plus fort dans les profondeurs ; et que tout le monde se donne inconsciemment pour éviter de le découvrir.
Et voilà qu’on s’arrange, qu’on se voile la face, qu’on s’invente mille « trucs », mille histoires, mille mensonges pour s’en sortir. Méli-mélo familial, professionnel, mondain, médiatique, informatique, artistique, religieux, sensualiste, politique, sociologique et tutti quanti, rythmé par quantité d’excès et d’absences de toutes sortes : soirées orgiaques, retraites, events artistiques, passions superficielles, farniente, bavardages et autres divertissements stériles.
Si, comme le personnage principal de La grande Bellezza, Jep Gambardello, on fait partie des gens bien lotis, des nantis, de l’élite, on a tôt fait d’être conduits dans une sorte de résignation désabusée : on a toutes les chances de trouver dans l’art, le dandysme, le détachement, l’autodérision, l’ironie, les seules poches d’air rendant la vie digne d’être vécue.
Et, en-dessous, il y a le vide, le néant, la mort qui gronde et qui avale tout. Et la vie humaine de se dérouler comme ça, chacun avec ses petites affaires, ses petits espoirs, ses petits fantasmes, ses petits buts, ses petits plaisirs, sa petite vision étriquée du monde. Sans rapport à la terre, sans vrai partage, sans dimension ou projet communs. Sans prise en compte des démunis, sans écoute de ceux qui cherchent autre chose, qui croient à autre chose, qui aspirent à découvrir une cohérence d’ensemble, un sens, un but pour l’humanité abrutie. Ceux qui refusent de jouer aux jeux vides, qui refusent de plonger la tête dans le sable, de faire comme tout le monde, de trouver des « trucs », de faire semblant, d’écraser l’ennui et la « gêne d’être en vie », comme dit Gambardello. Ceux qui n’acceptent pas d’oublier la mort – et de finalement passer à côté de la vie. Parce qu’au fond, tout ça, « ce n’est qu’un truc », comme dit Jep Gambardello, avant de décider, après avoir fêté ses 65 ans, qu’il n’avait plus de temps à perdre.
Moi, je crois que La grande Bellezza est un très bon film : une remarquable description, un beau tableau, haut en couleurs, de notre époque formidable. Avec quelques petites traces d’autre chose, ici et là : que ce soit dans l’immense beauté de la ville de Rome, dans certaines œuvres d’art, dans la mer, les paysages, les quelques enfants qui jouent, et la musique, bien sûr, qui pénètre et rythme tout…
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Pendant plusieurs mois, tous les mardis, PHUSIS donnait une perspective phusique à une actualité, un événement, un extrait de texte, une pensée, une sensation, un problème ou n’importe quel phénomène jubilatoire ou inquiétant de notre monde formidable. Le matin, à 6h30, un phusicien postait un bref article, sous forme de question à méditer. A midi, PHUSIS proposait une réponse et mise en perspective.
Je retiendrais aussi, au passage, les mots de la Sainte: « Parce que les racines sont importantes. » Film grandiose, en tous les cas! Merci Phusis!
Un film que je ne connaissais pas et que je note de suite sur ma liste de films à voir. Oui, merci Phusis !
Bonjour , vous savez j ‘essay de trouver quelq’un qui a compris le message l’esssentiel de ce film … je retruve personne , aussi votre chronique est qssez superficielle … ou je suis completement folle … je crois qu’il y a une cle , une idee cle .. est ca c’est la CREATION … tous ignore ca … c’est le seul moyen de ce sauver … et la question cle c’est ca » pourqui tu n’a pas ecrit ? » …. moi je suis tres dessus , personne n’entende ce que je entend … je me sent enormement seule …. j’adore le film … j’adore la vie mais c’est tant fatigant de pouver pas partager les memes ides … Bonne soiree .