Covid-19 | La vie est une lutte : une lutte, un jeu vers la croissance, la puissance – face au déclin et à la mort, inexorables. Fort de notre rationalité, de nos idées, de nos progrès scientifiques et techniques, l’homme n’a pas son pareil pour repousser le déclin et la mort ; tout comme de les propager. Tellement que la vie vient tantôt à se révolter.
Depuis la nuit des temps (Platon, Aristote), on a tendance à séparer les choses : d’un côté, on place la croissance, la puissance, le grand, le beau, le bon, la vie ; de l’autre le déclin, le petit, le laid, le mauvais, la mort. Alors qu’au fond l’un ne va pas sans l’autre, passe de l’un à l’autre, provient et retourne dans l’autre, réciproquement. On l’oublie : tous les jours, notre corps fait naître des milliers de cellules – alors que des milliers meurent. Quand on est jeune, les naissances se démultiplient ; plus on vieillit, plus la mort prend le dessus. Telle est la vérité tragique de l’existence.
Avec l’habitude de séparer les choses, une autre tendance domine : celle de privilégier le meilleur des deux côtés, le plus agréable. Et voilà qu’à grand renfort de science et de technique on fait tout pour supprimer l’autre côté, désagréable. De sorte à vivre de plus en plus longtemps – et a priori mieux. De sorte à nous faire croire qu’il est possible, un jour, de vaincre la mort.
Mais on crée par là des déséquilibres, d’abord petits, puis toujours plus grands – et provoque tout compte fait la… révolte de la vie. Le coronavirus en est un exemple : l’agent infectieux, s’il s’attaque à tout un chacun, ne s’emparera que de la vie des plus fragiles. Sans volonté bonne ou mauvaise. Simplement pour rétablir l’équilibre.