Covid-19 | Comme toute situation de crise, la « guerre contre le coronavirus » dévoile la face cachée des gens et… un grand nombre de « salauds en manque de scénario ». Romain Didier l’indique en toute poésie dans son morceau « Dans ma rue » (Délassé, 2002).
La voisine est gentille, le mari est sympa, et les enfants pareils. Quand on se croise, on se demande comment ça va, même qu’on se dit de quoi je me mêle ? On parle de la pluie et du beau temps. On se dit des âneries. On se fiche des réponses. Impossible de se fâcher.
On se voit à la sortie des écoles, dans la queue du supermarché, dans les transports publics. Des fois, ça nous donne des idées folles, des envies d’île déserte et de projets tibétains. Le monde est bourré de gens qu’il ne faut pas mettre au pied du mur, qui ne le savent même pas eux-mêmes. Bien sûr, on sent qu’il y a quelque chose qui cloche, mais on fait avec. Que pourrait-on faire contre ? Ils sont irréprochables. Ils font tout comme il faut. En situation normale.
Mais nous voilà en situation extraordinaire. Voilà qu’il y a une crise, une guerre, serait-ce contre un virus – et du jour au lendemain, tout change : Dr. Jekyll devient Mr. Hyde. Certains se ruent sur les produits de première nécessité dans les magasins – papier de toilette y compris (!). D’autres se transforment en défenseurs de l’opinion courante et en délateurs.
Le refrain de Romain Didier s’avère plus vrai que jamais :
Si dans ma rue, il n’y a que des gens tranquilles,
C’est faute de guerre civile.
Si dans ma rue, il n’y a pas de tortionnaires,
C’est qu’on n’est pas en guerre.
Si dans ma rue, il n’y a pas de collabos,
C’est faute de Gestapo.
Les gens gentils sont souvent des salauds,
En manque de scénario.
Aux concerts de Romain Didier, les gens rigolent. Forcément : les salauds, comme les méchants, les imbéciles, les imposteurs, c’est toujours les autres. Mais ce n’est pas vrai : notre tradition (idéaliste-pragmatique) a tendance à faire de nous des égoïstes et par suite des salauds. Le reconnaître, c’est ouvrir une porte sur un monde peuplé de moins de salopards. Un monde possible, qui dépend des efforts de chacun d’entre nous. Comme ils façonnent l’opinion publique, les journalistes sont évidemment en première ligne…
#ObéissonsMaisOsonsPenser
Le Mal fait partie du cerveau reptilien et il doit constamment être surveillé et contrôlé par le rationnel. Le Mal peut surgir dans des réactions irréfléchies, émotionnelles, viscérales engendrées par l’angoisse lors d’une épidémie, une catastrophe, une guerre, donc des situations non maîtrisables avec un risque élevé. On dira qu’il y a des circonstances atténuantes dans ces cas-là.
Par contre le Mal peut naître dans le cerveau rationnel car il est désiré. C’est l’intelligence au service de Satan. Il s’agit de méchanceté, de criminalité, de sadisme, de satanisme. Et c’est beaucoup plus grave.
Tout le monde conviendra que le Mal ne doit pas exister, qu’il est une saleté à nettoyer et surtout à prévenir.
La morale est souvent liée à une croyance ou une religion et il est peut-être utile de le rappeler à notre époque chaotique en perte de repères.