Ce que nous vivons est certes une « épidémie » très large, très problématique, très difficile à maîtriser ; un véritable problème sanitaire, compliqué à gérer, pour nos responsables politiques, nos hôpitaux, mal préparés, mal renforcés. Mais ce n’est pas une « pandémie » au sens de l’imaginaire qu’ouvre le mot.
Ce que nous vivons ne nous place pas tous dans un danger de mort imminent, comme le mot « pandémie » le laisse entendre.
Le terme de « pandémie » produit un tel choc, une telle sidération, une telle peur qu’il permet la bascule dans un « régime d’exception ». Le concept lui-même justifie des mesures inédites, il y a peu encore inimaginables, toujours plus restrictives et inacceptables.
A bien y regarder, la bascule qui se joue n’est pas nouvelle, mais en germe depuis bien longtemps, bien avant la crise. La crise n’est qu’un accélérateur hors normes de la transition numérique, de la restriction des libertés, du contrôle de l’information et de la séparation des gens.
A lire : Barbara Stiegler, De la démocratie en Pandémie. Santé, recherche, éducation (Gallimard, 2020)
> Ce que nous vivons ne nous place pas tous dans un danger de mort imminent, comme le mot « pandémie » le laisse entendre.
On l’a oublié : en 1918, au grand minimum neuf personnes sur dix ne couraient pas de danger de mort imminent.