Arthur S. et Friedrich N., ça vous dit quelque chose ? Ce sont deux athlètes incroyables, qui méritent d’être connus : deux grands amoureux d’athlétisme, comme nous tous.
Arthur, c’est un athlète très bien, sensible, honnête, volontaire. Il est toujours en train de calculer pour faire mieux. Pas facile pour son entraîneur : Arthur a ses idées, ses manières, ses trucs. A l’entraînement, en compétition, il optimise : il fait le minimum – pour récolter le maximum. Il part derrière, passe les autres sur la fin. Quand il court contre les meilleurs, forcément ça ne marche pas – et il est déçu…
Arthur souffre du manque
Dans la vie de tous les jours, il est aussi comme ça, Arthur. Il aspire à toujours plus : plus de chaussures, d’habits, de livres, de gadgets, plus de tout. Sans se réjouir vraiment de ce qu’il a. Un jour, pour l’embêter, un copain lui a dit : « T’es l’incarnation de la société de consommation, toi ! » Il a rigolé. Il n’est pas bête. Il est conscient de ce qui lui arrive : « Tu sais, chez moi, ça gronde très fort. Dès que j’ai quelque chose, il me faut autre chose. Je ne suis jamais rassasié. C’est comme ça dans tout. Je me demande bien ce que je ferais sans le sport… »
Friedrich souffre du trop-plein
Friedrich, c’est aussi un gars très bien, sensible, honnête, volontaire. Mais tout différent. Il déborde de force, d’énergie, de générosité. Quand il s’y met, il ne peut plus s’arrêter. Quoi qu’il fasse, il est toujours à fond : il aime ce qui se passe, il l’accompagne. Il souffre aussi, mais pas comme Arthur du manque. Fredo, lui, souffre de trop-plein, de surabondance, de richesse. Aussi en dehors de l’athlétisme. Il ne calcule jamais, s’enthousiasme, se dépense et donne sans compter, entraîne tout le monde avec lui.
Pour l’entraîneur, c’est n’est pas facile non plus. A chaque fois il part trop vite ; quitte à finir sur les rotules. « J’ai besoin de me vider, de me défouler », raconte Fredo. « Il n’y a que quand je suis sur la vague que je me sens bien, que je me sens libre, que j’ai l’impression de vivre. Il n’y a que là que je suis vraiment moi… »
On est tous comme ça
Vous l’avez sûrement remarqué : en fait, Arthur S. et Friedrich N. existent en chacun de nous. Au fond, on est tous comme eux. Tout ce qu’on fait, on le fait parce qu’on souffre du manque, ou du trop-plein. Qu’importe que ce soit dans le sport, le travail, notre famille, avec les gens, les choses, l’argent, le succès, l’amour…
A nous de le reconnaître, de le sentir – et de faire en sorte que ça ne crée pas de déséquilibre !
Pensée athlétique publiée dans le Swiss Athletics Magazine numéro 56 de décembre 2022.