Covid-19 | Crise de l’info (prologue) | La crise du coronavirus est un incroyable révélateur de nos incohérences. Parmi elles, la lutte entre médias traditionnels et réseaux sociaux. La situation cristallise les terribles tensions liées à l’évolution rapide des modes de diffusion et de consommation de l’information. Le conflit a éclaté au grand jour ces dernières semaines. Pour l’instant, on manque des deux côtés de nuance, mais ça peut changer !
Cette mise en perspective est le prologue d’un Dossier spécial « crise de l’info face à la Covid-19 » diffusé ces prochains jours sous forme de feuilleton sur les réseaux de PHUSIS Philosophie. A suivre via Facebook ou sur le blog.
Dialogue impossible
La situation de crise favorise un climat délétère. Marqué par une criante absence de dialogue, celui entre les médias traditionnels et les réseaux sociaux en est à son apogée. Les deux producteurs d’informations et façonneurs d’opinions ont tendance à se disqualifier mutuellement à l’occasion d’attaques brutales, blessantes, voire diffamatoires. Disqualification réciproque, qui conduit à la stérile opposition entre « merdias » et « complotistes » et a pour conséquence de fourvoyer le consommateur avide de qualité et de compréhension.
Médias établis à structures lourdes
Dans le premier camp, on a les médias traditionnels, constitués de journalistes labellisés : journaux imprimés, chaînes de radios et de télévision, nationales et privées. Ils sont au bénéfice de canaux de diffusion exclusifs et d’importants moyens organisationnels et financiers. Subventionnés ou propriété de grands groupes, ils évoluent dans des structures administratives et rédactionnelles à la fois anciennes, rassurantes et lourdes. Souvent consensuel, leur contenu est lié à quantité d’intérêts économiques et politiques. Face à une situation inédite, telle celle de la Covid-19, ils font preuve d’un cruel manque de connaissances, de réactivité, d’ouverture et de souplesse.
Variété et liberté infinies des réseaux
Le camp d’en face est une source d’information variée et mobile, quasi illimitée. Elle provient d’innombrables blogueurs, experts, guides, influenceurs et simples citoyens de tous genres et de tous bords. Bien que la plupart du temps sans reconnaissance, légitimité ou financement officiels, ils possèdent par leur diversité, réactivité et force de travail et de recherches une richesse inégalable. Ils ont de surcroît pour avantage de disposer d’une liberté incomparablement plus grande que leurs homologues traditionnels et, grâce à l’amélioration et à la multiplication des réseaux sociaux, d’un système de diffusion de plus en plus puissant.
« Merdias » vs « complotistes »
Si les tensions existent depuis longtemps entre les deux camps, la crise du coronavirus les a exacerbées. La frustration s’est d’emblée mise à gronder très fort du côté de ceux dont les travaux et idées ne sont pas relayés par les médias traditionnels. En face, la tendance est volontiers aux œillères et au repli. Jusqu’à faire éclater la révolte. Régulièrement traités – sans grande finesse, il faut l’avouer – de « merdias » sur les réseaux, les représentants des médias officiels ripostent par le qualificatif guère plus subtile et moins insultant de « complotistes ». Termes la plupart du temps employés hâtivement et qui déshonorent tous ceux qui s’engagent pour une information diversifiée et de qualité au service de tous.
Vers un enrichissement mutuel ?
Une telle information de qualité ne peut provenir que du rassemblement des deux camps ennemis. Et si, au lieu de rester braqués dans leurs récits superficiels et consensuels, les médias traditionnels s’ouvraient à la richesse et profondeur inouïe des experts sur les réseaux et s’engageaient à en collecter ce qui s’y fait de mieux ? De bloqués qu’ils sont dans leurs structures, qui les contraignent à jouer en défense, ils se verraient ainsi vivifiés, retrouveraient leurs lettres de noblesse et leur rôle de passeurs et de guides de tout un chacun pour une meilleure compréhension des phénomènes et enjeux du monde.
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Avec votre vidéo avec M. Ferguson, je réalisais que je n’avais pas de définition pour le mot « média ». Pour les « réseaux sociaux », j’avais déjà lu qu’ils sont des « espaces publiques numériques ». Il est pour moi plus simple d’envisager les réseaux sociaux comme des espaces publiques (créés et appartenant à des entreprises capitalistes, ce qui pourrait être -je suis jeune, je le dis- une grosse connerie!) telles la « rue », la « place », le « marché »… comme à l’époque.
L’espace publique n’est pas l’espace privé. Dans la « rue », l’espace publique, il y a tout le monde à un moment ou un autre. Ou des gens en liens avec tel ou tel. C’est une mine d’informations ; chaque information étant une production humaine.
Peut-on vraiment dire qu’il y a opposition entre :
1. L’espace publique numérique (les réseaux sociaux)
2. Les medias traditionnels ?
Ce pourrait être plus simple de poser qu’il y a ceux qui doivent servir de medium, en ce qui concerne l’information. C’est le travail des journalistes. Aujourd’hui, le journaliste ne sait pas s’enquérir de ce qui se passe « dans la rue », sur les réseaux sociaux.
…
Derrière la lutte que vous affichez entre réseaux sociaux et médias traditionnels, n’est-il pas plus simple d’envisager que le journalisme a disparu ? (transitoirement, nous l’espérons!)
Notons que la nature absconse de l’information sur les réseaux sociaux pourrait être à l’origine de ce décès : sur la forme, ça l’air très difficile d’extirper des information dans la « rue » virtuelle…
Pour le plaisir de dévoiler…
Media :
https://www.cnrtl.fr/definition/m%C3%A9dias
https://www.cnrtl.fr/definition/academie9/m%C3%A9dia
1. Pluriel de medium Quel est le moyen privilégié de la connaissance aujourd’hui selon vous ?
(si c’est « la rue » et que les journalistes n’y vont jamais, c’est probable que que ce soit le bordel avant que connaissance émerge)
La fin a sauté… ce n’était donc pas un dévoilement très efficace…
Media :
https://www.cnrtl.fr/definition/m%C3%A9dias
https://www.cnrtl.fr/definition/academie9/m%C3%A9dia
1. Pluriel de medium <— Postulons que cela revient à être un "intermédiaire" entre un récepteur (a priori humain) et une source d'informations (humain ou non)
2. Au plur. Abréviation usuelle de l'anglais des États-Unis "mass media", de même sens. Tout moyen de communication servant à transmettre et à diffuser des informations, des œuvres.
Média de presse, muraux (Quillet 1965). Médias visuels, auditifs, audiovisuels (Wellhoff Comm. 1977)
"Pour tous les ouvriers et les paysans étudiés, la télévision a supplanté tous les autres médias et tend à devenir le mode privilégié de connaissance (Le Monde,20 mai 1967)."
Quel est le moyen privilégié de la connaissance aujourd’hui selon vous ?
(si c’est « la rue » et que les journalistes n’y vont jamais, c’est probable que que ce soit le bordel avant que connaissance émerge)
Merci pour vos réponses.
Merci pour le (double) commentaire, Paul.
Oui, une des tâches des journalistes serait de prendre en compte et de valoriser ce qui se passe sur les réseaux ; sans oublier de citer les références, contrairement à ce qui est souvent le cas aujourd’hui. L’idéal serait une valorisation réciproque du travail de chacun…
Le moyen privilégié ? LES moyens : médias traditionnels (TV en tête) et nouveaux médias, justement.