Au nom de sa valeur suprême – le bien, pour tous –, notre tradition est en plein suicide.
Ce que nous vivons aujourd’hui est bien plus qu’une crise sanitaire, plus qu’une crise politique, médiatique : c’est la fin de notre civilisation.
Par la volonté de bien faire, pour repousser de quelques mois la mort des personnes les plus âgées et malades de notre société, par la peur du dégât d’image, du jugement négatif, du sentiment de culpabilité, on néglige, écarte, écrase et expulse ce qui représente le fondement même de notre tradition : la réflexion, l’esprit critique, la liberté, l’égalité, la justice, le partage, la démocratie, la culture, l’art, en un mot l’amour de la sagesse (la philosophie).
Tous sont en train d’être sacrifiés sur l’autel du bonheur et progrès pour tous.
Tout d’abord, merci pour vos publications d’intérêt dans un monde jugulé à mort, c’est le cas de le dire ! Notre valeur suprême est le « bien commun », plutôt que le bien, pour tous… Mais, actuellement, il se base sur un pouvoir politique qui n’a fait que développer l’assistanat à outrance dans toutes les dimensions de la vie publique, d’où les tribulations des choix cornéliens : sauver à tous prix et sacrifier l’avenir ! Nous sommes très loin du bonheur, une étude bien connue de Harvard concluant à la relation humaine comme constituant principal ; or la distanciation sociale a tout fait pour nous rendre malheureux, certains, j’insiste… Quant au progrès, Auguste Comte doit se retourner dans sa tombe avec son positivisme qui réclamait amour, ordre et progrès ; depuis un an, nous vivons l’opposé : nous avons régressé alors que progrès veut dire ‘marche en avant’ (pro-gressus en latin).