Covid-19 | Crise de l’info (4/5) | C’est inquiétant : alors que les médias traditionnels sont en train de perdre leur suprématie, que seule l’ouverture et l’intégration des nouvelles formes de communication semble pouvoir les « sauver », pour une diffusion plus juste, plus ouverte de l’information, ils se braquent.
Comme les membres des gouvernements, les représentants des médias ont, pendant cette crise, été pris de panique sous l’effet des modélisations numériques catastrophistes d’une cohorte de polytechniciens loin de la réalité de la vie. Les faits, les décomptes, les graphiques et autres micro-trottoir anxiogènes ont le plus souvent remplacé l’analyse et la réflexion.
Fourvoiement par conviction et ignorance
Parmi les gens interrogés, ceux faisant échos aux peurs des journalistes ont été privilégiés. Non par mauvaise foi, mais par conviction et… ignorance. Incompétents en matière de virus, de maladie, de médecine, de science, de vérité, et même plus largement de vie et de mort, de nombreux journalistes se sont fiés aveuglément aux mots d’ordre gouvernementaux. Persuadés de la gravité de la situation, ils ont confondu information et prévention, endossant soudain une nouvelle tâche – tout sauf journalistique : celle de sauver des vies. Non sans ignorer ou écarter au passage les voix nuancées, sceptiques, distancées – volontiers qualifiées de « dissidentes » – pour générer, sans imaginer les conséquences, une immense vague de peur.
De longue date coutumiers des prises de positions rapides et superficielles, les représentants des médias en sont venus à oublier que les faits, les chiffres, comme les idées, les convictions et les peurs ne veulent, en eux-mêmes, rien dire s’ils ne sont pas mis en perspective. Au lieu de jouer leur rôle de guides avisés, de 4e pouvoir, de contre-pouvoir, les médias se sont fourvoyés en jouant aveuglément la propagande gouvernementale. Volontiers en jetant l’anathème sur quiconque relève le problème.
Pas d’autocritique face à une mission manquée
Alors qu’on est en voie de déconfinement – heureusement avec un nombre de morts pour l’heure beaucoup moins élevé que prévu –, l’autocritique médiatique se fait attendre. Elle est pourtant indispensable suite à un long zèle servile marqué par une interprétation unique des faits. Durant la pandémie, nos médias ont clairement failli à leur tâche de relativisation, de contextualisation, de mise en perspective. Très tôt, il aurait toutefois été possible d’apaiser les peurs en indiquant que le virus était beaucoup moins grave que prévu pour l’immense majorité – tout en étant terrible pour certaines catégories à risque. L’incapacité de penser et présenter ce paradoxe est la source de dégâts dont on ne mesurera l’ampleur que ces prochains mois, voire années.
Tsunami de terreur, fuite sur les réseaux
Au lieu de faire profil bas, les télévisions se réjouissent d’un succès inédit : selon l’Institut national de l’audiovisuel, les journaux d’info ont atteint jusqu’à 15 à 20 millions de téléspectateurs en France, ce qui représente un record absolu. Succès qui contraste avec leurs difficultés économiques. Si les chiffres ont été meilleurs que jamais, ce n’est pas parce que les télévisions ont évolué à leur plus haut niveau, mais que les gens étaient assoiffés d’informations et de compréhension. A la place de permettre de comprendre ce qui se passe, de saisir les enjeux de la problématique, les TV ont créé plus encore que la presse écrite un tsunami de terreur – et se sont décrédibilisés.
Les choses se sont faites toutes seules : la pêche aux bonnes informations a glissé sur les réseaux qui, bien qu’hétérogènes, foisonnants et rempli de présences fâcheuses, se sont avérés relayer des informations plus vivantes et instructives que le discours univoque des médias traditionnels. Avec pour conséquence que ces derniers, prisonniers de leur vision, de leurs convictions et ignorances, se sont mis à taxer, du haut de leur (ancien) piédestal, dans un dangereux élan binaire, toute voix divergente et alternative, aussi experte et pertinente qu’elle soit, de mensongère (fake news) et complotiste.
Quels perspectives d’avenir ?
La crise a dévoilé quantité incohérences, systémiques, qui exigent de nombreux changements. Pour les médias traditionnels, la situation est simple : soit ils refusent de voir les forces du nouveau paysage médiatique et continuent opiniâtrement sur leur voie – pour perdre toujours davantage en crédibilité et mourir de leur belle mort ; soit ils regardent la réalité en face, changent le fusil d’épaule et s’ouvrent sur ce qui se fait de mieux sur les réseaux pour l’intégrer le plus intelligemment possible à leur travail et système économique.
Seule l’intelligence collective sauvera les médias ; seule l’intelligence collective nous sauvera.
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Tout est très bien résumé, bravo à vous ! 👍✊🙏