Pendant son prêche de sagesse tragique, Zarathoustra se trouvait près de l’entrée de sa caverne perchée dans les montagnes. Après ses derniers mots, après avoir exhorté les hommes supérieurs à apprendre à rire, à surmonter leur lourdeur, à devenir léger, léger comme le vent, il s’est échappé de ses hôtes : s’est enfui un court moment à l’air libre.
« O senteurs pures autour de moi, s’est-il exclamé ! O silence bienheureux autour de moi ! Mais où sont mes animaux ? Venez, venez, mon aigle et mon serpent !
Dites-moi donc, vous, mes animaux, vous qui sentez si bien les choses de la vie : ces hommes supérieurs, dans l’ensemble – ne sentent-ils pas bons ? O senteurs pures autour de moi ! Me voilà qui sais et sens seulement comment et combien je vous aime, mes animaux. »
– Et Zarathoustra a dit encore une fois : je vous aime, mes animaux ! Et l’aigle et le serpent se sont pressés contre lui, alors qu’il prononçait ces mots ; et ils levaient les yeux vers lui. Ils étaient là, tous trois, réunis en silence ; tous trois flairaient et dégustaient le bon air. Car ici, dehors, l’air était bien meilleur qu’auprès des hommes supérieurs.
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Traduction littérale
Quand Zarathoustra prononçait ce discours, il se trouvait près de l’entrée de sa caverne ; avec les derniers mots, il s’est échappé de ses hôtes et s’est enfui pour un court moment à l’air libre.
« O senteurs pures autour de moi, s’est-il exclamé, o silence bienheureux autour de moi ! Mais où sont mes animaux ? Venez, venez, mon aigle et mon serpent !
Dites-moi donc, mes animaux : ces hommes supérieurs, dans l’ensemble – ne sentent-ils peut-être pas bons ? O senteurs pures autour de moi ! Me voilà qui sais et sens seulement comment je vous aime, mes animaux. »
– Et Zarathoustra a dit encore une fois : je vous aime, mes animaux ! Mais l’aigle et le serpent se pressaient contre lui, quand il prononçait ces mots et levaient le regard vers lui. Ils étaient ainsi réunis tous trois en silence et flairaient et dégustaient le bon air. Car ici, dehors, l’air était meilleur qu’auprès des hommes supérieurs.
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Il s’agit ci-dessus de la première partie du quatorzième chapitre de la « Quatrième et dernière partie » du Zarathoustra de Nietzsche. Texte phusiquement réinvesti (en haut) et traduction littérale (en bas). Les précédents chapitres et parties se trouvent ici. Musique : Keith Jarrett, Köln Concert, 1975.